Vite à La Paz !

16 Juin: Nous nous levons à 6h du matin avec une belle croûte de glace autour de la porte du camion, il fait frisquet quand même se dit on, ben oui, le thermomètre indique -17 degrés.

Le volcan Sajama rosi du soleil levant sera notre première photo de Bolivie. La route est asphaltée, nous passons deux péages, et la police commence à nous enquiquiner. Rien de bien méchant, juste des contrôles car nous avons des plaques étrangères. Nous n’avons pas été arrêté une seule fois au Chili, et nous commençons notre voyage en Bolivie avec deux contrôles dans la matinée.

Nous approchons de La Paz par El Alto, une ville attachée à la capitale, embouteillée et très animée par les klaxons des taxis collectifs qui n'obéissent qu’à une règle: Moi d’abord!

Soudainement nous surplombant La Paz et nous sommes sous le choc, la beauté de la situation géographique de la ville est unique, les montagnes enneigées de la cordillera  Real sont si majestueuses qu’elles semblent protéger la ville telles des fortifications.

Impossible de prendre des photos, la co-pilote surveille de près les panneaux et surtout les taxi-co qui forcent le passage et grillent les feux rouges.

Nous arrivons enfin au coeur de la ville avec la bonne surprise d’une manifestation qui bloque l’artère principale, nous sommes bloqués deux heures à rouler comme des escargots dans les ruelles étroites et pentues.

Nous avons le temps d’observer un peu les habitants, les Boliviennes coquettes avec leurs tresses décorées, les bus colorés et parés de figures de proue presque toutes différentes, et une circulation dense, des pots d’échappements qui fument et des moteurs qui souffrent de la configuration des rues qui montent ou descendent en forte pente.

Nous demandons notre chemin à la police, ils ne connaissent ni Mallasa, une petite ville au Sud de La Paz dans laquelle se trouve l’hôtel où sont les copains, ni la vallée de la lune qui est connue de tous, indication pour trouver l’hôtel, à 5 km de là. Nous comprenons qu’en Bolivie, il faut se débrouiller seuls. Nous tentons une dernière fois notre chance auprès d’un vendeur ambulant, ne sachant pas non plus, il nous dit de suivre le bus! Bon plan, nous arrivons à destination.

Le parking de l’hôtel sur lequel nous allons camper est austère, les camions sont les uns sur les autres, mais l’ambiance sera au rendez-vous, nous voilà enfin en compagnie des voyageurs qui attendaient de nous voir avant de reprendre leur route. Les Philounass, les Pari-Paname, Emilie et Jérémie, les Pascaux, les Cousiniés, et Claude Exploracy qui attend qu’Alain revienne de France avec les pièces de leur véhicule, plus les courses qu’il a faites pour nombre d’entre nous. Même Kurt qui était avec nous sur le cargo est là, le continent devient vraiment petit!

Evidemment une fête s’impose car nous sommes heureux de retrouver tout ce petit monde. Malgré la fatigue de la route, nous mangeons buvons et chantons jusqu’à 2 h du matin.

17 Juin: Aujourd’hui c’est notre anniversaire de mariage, et nous apprenons la réussite de ma soeur Lolotte à son diplôme de 5ème année des Beaux-Arts, alors c’est encore l’occasion d’organiser un repas et sommes heureux que cette date coïncide avec nos retrouvailles ici, nous sommes en très bonne compagnie pour fêter tout cela.

Soirée bolo et surprise de la troupe, un beau gâteau bolivien, et un cadeau bien utile déniché par Claude au marché, un vrai tablier de bolivienne qui me sert bien souvent! J’ai une super dégaine avec, on dirait une Vamp.

Nous vous remercions tous pour vos généreuses attentions, votre chaleur nous a fait oublier le froid de cette soirée magique.

18 Juin: Pascale et Pascal dit Les Pascaux, attendaient notre arrivée avant de quitter La Paz car ils pensaient bien que nous serions OK pour une petite virée à VTT ensemble sur la route de la mort, celle qui part de La Cumbre, Nord de la ville à 4900m, à Coroico, bourgade nichée dans la forêt Sub-tropicale des Yungas, 1300m. C’est une sortie organisée, de nombreuses agences proposent cette sortie avec repas et remontée compris. Il faut donc se lever à 5h45, dur dur après la fiesta de la veille, afin d’être à l’agence à 7h. Nous sommes 9, un jeune Australien bourré de la veille, une Turque, deux Roumains et nous 4. La camionnette nous charge comme des animaux entassés et emmitouflés comme s’il faisait froid!

Nous arrivons sur site une bonne heure après, présentation des guides avec des «Okay guys» à toutes les sauces comme pour donner un côté plus «fun» à «l’aventure». Ok guys, une petite photo de groupe du départ, vélos cabrés et yeux cernés, c’est parti pour 64km de descente, guys.

Première partie: asphalte, de la rigolade, bien équipés contre le froid, nous fonçons vers la mort qui ne nous fait pas peur, guys!

Puis nous roulons sur de la piste qui se présente plus fatigante en raison des cailloux qu’il faut éviter afin de ne pas finir dans le ravin. Il est vrai que cette route est vertigineuse. La montagne sur la gauche et le fossé de centaines de mètres à notre droite ne permet pas d’écart de conduite. Cependant, elle est nommée ainsi parce que de nombreux camions l’empruntaient et connaissant un peu maintenant la façon de conduire des gens d’ici, cela ne nous étonne pas de voir le nombre de croix jalonnant la route. Elle est donc plus mortelle à cause de l’inconscience humaine que par sa configuration, car quelques endroits laissent le passage à deux véhicules si l’on sait faire une marche arrière. Bref, elle est quand même impressionnante même si maintenant la nouvelle route a ralenti considérablement le trafic sur celle-ci, laissant les touristes motorisés ou à vélo la descendre sans prendre de gros risques.

Les gars sont bien plus à l’aise que nous deux, bien que les autres filles du groupe soient dans la camionnette et non plus sur leur vélo. Nous allons plus doucement qu’eux car le paysage commence à révéler sa nature exotique et nos yeux voudraient être de partout à la fois, mais sont forcés de regarder les cailloux traites. D’ailleurs l’Australien n’a pu en éviter et à bien failli presque mourir sur la route de la mort avec un vol plané de 10 mètres heureusement pas du côté ravin. Le guy est vraiment abîmé et finira son agonie secoué dans la camionnette. Ici, pas d’urgence, il a peut être l’épaule cassée, mais il souffrira jusqu’à ce que le groupe ait terminé sa journée.

Les vélos sont lourds et un peu vieillots, les vitesses ne passent pas. Pas grave, nous n’auront pas de montée à faire, du moment que les freins fonctionnent, c’est tout ce qu’on demande!!!

Petit à petit nous nous effeuillons car le climat d’ici, à seulement quelques km de la haute La Paz, est tropical et la chaleur nous réconforte, après tous ces jours en altitude, celle qui nous glace les os dès le couché du soleil. Bananiers, papayers, oiseaux tisserands et papillons nous régalent de couleurs et de sons que nous n’entendions plus depuis longtemps.

Nous passons sous des cascades rafraîchissantes et un des guides nous filme à chaque passage de gué, c’est trop la classe les guys. Une pause bière est bienvenue puis nous continueons la piste jusqu’à Coroico, où un repas nous attends dans un hôtel à la vue plongeante sur les montagnes.

Nous sommes tous vivants ou presque à l’arrivée de cette descente fatigante pour ceux qui freinent, fun pour ceux qui freinent moins, et tuante pour celui qui a oublié de freiner. Le chemin du retour est bien plus mortel que la route du même nom, la camionnette chargée de 12 vélos et de 12 humains crevés et entassés met 5 heures pour nous ramener jusqu’à La Paz, avec un arrêt pour décharger les vélos en ville, puis un arrêt à l’hôpital pour décharger notre blessé, (oui, dans cet ordre là!) à 20h. Le pauvre aura attendu tout ce temps avec ses pizzas sur le flan, l’épaule en 

vrac, le cuir chevelu ouvert et la hanche en Technicolor. Encore un arrêt à l’agence afin de récupérer notre super CD de photos et vidéos des guys affrontants la muerta plus le T-Shirt en cadeau: «Nous avons survécus!» Nous devons prendre un taxi pour nous ramener à notre parking, ce qui nous fait arriver à 21h30, les enfants des Pascaux et les copains un peu inquiets qui nous attendaient pour la fin d’après-midi. Nous racontons nos aventures à l’équipe et allons nous coucher, vannée pour ma part les bras en compote, sans avoir le courage d’attendre minuit afin d’accompagner Claude à l’aéroport pour récupérer Alain.

19 Juin: Alain est bien arrivé...sans ses valises. La compagnie les a perdu avec les pièces du camping car, le lanterneau des pari-Paname, notre GPS et notre compteur. Moment d'inquiétude pour tout le monde, surtout pour Claude et Alain qui sans ces pièces de boite de vitesse ne pourraient continuer le voyage. Après quelques coups de fil, la compagnie l’informe que ses valises sont à Amsterdam. L’espoir renaît. Nous récupérons tous nos affaires intactes le 20 Juin, merci Alain d’avoir fait le livreur pour nous depuis la France. Petite virée à La Paz avec Claude qui me fait découvrir la ville en allant du marché de la laine au marché des épices, en passant par celui des artisans, des vendeurs de tuyaux, de gaz, de pantalons, de boutons, de fruits secs, d’ampoules, de légumes, de bidons, de fils électriques, de jupes, de chapeaux melons, de drapeaux, de gâteaux, d’instruments de musique.... la liste est infinie, chaque rue sa spécialité, c’est vivant, Claude est à son aise car elle connaît bien déjà le coin, son humour décontracté avec les mamitas me fait passer une excellente après-midi, je me régale.

21 Juin: Aujourd’hui c’est le solstice d’hiver, et c’est donc le nouvel an Aymarà, jour de fête partout dans les Andes. Nous avons vu une affiche hier qui présentait le programme de ce jour dans la vallée de la lune, site situé à 500 mètres de l’hôtel. Une bonne raison pour ne pas louper ça. Debouts à 5h30 pour assister aux rituels d’avant le levé du soleil. Claude, Alain, Nelly, une sympathique Suisse voisine de parking et moi même arrivons dans la vallée de la Lune pour célébrer le soleil. (Thille ne se lève pas, il n’a pas envie d’avoir l’impression d’aller travailler en se levant à 5H30!) Des musiciens nous soufflent et nous grattent des airs Incas autour d’un beau feu bienvenu car la température à cette heure-ci n’est pas très clémente.

Nous sommes en très petit comité, une petite quarantaine de personnes sont là à se cailler avec nous, ce qui nous convient très bien. Le soleil se lève mais n’apparaît pas encore sur la vallée de la lune, mais laisse découvrir les formes géologiques de cet endroit sableux et solide en même temps.

Un chaman habillé de vêtements traditionnels prépare ses outils et ses offrandes au pied du drapeau de la communauté aborigène et de celui représentant La Paz. Tout le monde se place autour de lui le laissant au centre.

Là, c’est Claude et Alain, pas le chaman! 

Le maître de cérémonie touche l’assemblée avec un foetus de lama séché, qui va finir dans le bûcher arrosé d'alcool à 96°. Nous sommes ensuite tous «bénis?» par celui-ci qui nous passe un bâton d’encens près du visage.

Les incantations du chaman semblent faire pointer au soleil le bout de son nez, c’est le moment d’en recevoir toute l’énergie, alors, les guys, tous les mains en l’air!

Cette cérémonie se termine par une visite de la vallée guidée gentiment et gracieusement par Valério, qui a décidé de nous accompagner tous les quatre. Depuis notre arrivée, nous trouvons les Boliviens très agréables, que ce soit dans les commerces ou en ville, quelques rencontres sympathiques de personnes serviables qui, nous voyant chercher notre chemin dans le labyrinthe, s’arrêtent spontanément pour nous aider. Un petit déjeuné traditionnel nous est offert, un bon verre d’api chaud, farine de maïs rouge sucrée et épicée de cannelle, diluée dans de l’eau chaude, accompagnée de petits beignets faits maison. C’est réconfortant comme le vin chaud et on en redemande...