30 Août: Nous quittons Lili et Arturo de bonne heure et prenons la route de Caylloma, un bled de montagne où nous ferons étape pour la nuit.
La piste grimpe, nous passons un col à 5000 m, notre camionnette peine, Thille rouspète, la piste est laborieuse. On aura de belles surprises à l’arrivée, les placards vont se vider sur nous lorsqu’on les ouvrira!
Nous croisons de nombreux troupeaux d’alpaga, il est apparemment plus élevé au Pérou que dans d’autres partie des Andes que nous avons visitées.
Cet animal a une toison très dense et douce, les vêtements faits de sa laine sont très agréables à porter et on les voit soit très touffus comme de grosses peluches, soit tous nu tondus de près.
La piste est si caillouteuse que Nicolas crève, ce qui nous permet de les rattraper.
Nous arrivons à Caylloma, village de mineurs, Jessica est allée demander aux policiers où nous pourrions passer la nuit sans déranger, et ils nous proposent gentiment la cour derrière le poste de police.
Les habitants du villages sont très intrigués par nos engins, mais surtout par Eliot, qui fait craquer 4 très jeunes filles qui attendent un moment d'inattention de Jessica pour jouer avec, elles le font marcher, le portent, le dorlotent, il est tout sourire, et elles sont aux anges. Si douces que Jessica les laissent s’en occuper un peu.
Nous faisons le tour du village, nous sommes dimanche et il y a un mariage, tout le village est dehors.
Quelques enfants sont intrigués par Thille, ils l’observent, et lorsque qu’il les regarde à son tour, ils courent se cacher en rigolant. Finalement, un d’entre eux se dévoue et se tient devant cet homme bizarre aux yeux bleus...
Thille lui tend la main et lui dit: «Hola que tal, Christian!»
Ils se marrent et posent des questions.
Nous retournons au camion et toute la troupe de marmots nous suit. Et nous bombardent de questions...
Nous leur expliquons que nous venons de France, il nous demandent le plus sérieusement du monde si c’est sur une autre planète. Qu’on nous demande où se trouve la France est une question récurrente, mais qu’on nous croit d’une autre planète, c’est une première qui nous fait bien marrer. Alors Jessica leur explique que c’est de l’autre côté de l’Atlantique sur un autre continent. Mais sinon, ce continent, c’est sur une autre planète???
Bon, on passe pour des extra-terrestres ici. Un des gamins regarde Thille et lui demande comment il a su comment il s’appelait... On comprend finalement que le gosse s’appelle aussi Christian et qu’en se présentant, Christian Thille lui a donné l’impression d’être vraiment un extra-terrestre qui connaît les prénoms de tous sans les demander...
Nous finissons à l'intérieur de notre bestiole tellement le froid est mordant, à plus de 4000m.
31 Août: La police a des problèmes de batterie, alors Nicolas et Thille se débrouillent à leur arranger ça, ils sont très contents, nous causons un peu, et pour une fois, on ne se fait pas contrôler! Ils nous souhaitent un bon voyage et nous les remercions pour leur accueil.
La route n’est pas très longue pour rallier Andagua, nous longeons un rio et croisons quelques bergers. Jessica n’hésite pas à aller à leur rencontre, ils demandent un peu de pain, elle leur offre pain et bananes. Du coup, sûrement afin de la remercier, ils proposent à Jess de les prendre en photo devant leur troupeau d’alpagas.
Andagua est la porte de la vallée des volcans, nous arrivons juste à l’heure pour grignoter un bout, et Nicolas en profite pour faire réparer sa roue. Comme à chaque fois que nous débarquons dans un pueblito, les gens viennent spontanément nous saluer et nous souhaiter la bienvenue. On nous indique la piste à prendre pour cette vallée, qui n’est pas indiquée sur le plan, et que le Lonely Planet indique au mauvais endroit. Nous sommes donc sur le bon chemin.
Nous partons donc à l'assaut de la piste de cette vallée, mais Nicolas demande régulièrement le chemin pour être sûr de ne pas se tromper, comme rien n’est indiqué, il s’agit de ne pas prendre une piste qui nous mènerait loin et nulle part.
Lorsque nous commençons la piste, aucun doute n’est possible, nous sommes bien dans la vallée des volcans, le règne minéral s’est imposé, coulées de lave, éboulements, roches volcaniques de différents types, cônes... On imagine que ça a dû bien barder lorsque les volcans se sont décidés à exploser, un vrai enfer, mais c’est beau. Rien ne pousse à part de grands cactus, mais c’est beau.
Il se fait tard et finirons notre route demain, Nicolas et Jessica, (toujours devant nous vu notre rapidité!) dégote un endroit parfais pour le bivouac de la nuit. On se fait un beau feu et apprécions la chaleur de l’endroit puisque nous sommes descendus bien bas par rapport à hier, vers les 1800 m. L’endroit est calme, pas une seule voiture n’a emprunté cette piste depuis que nous sommes partis.
01 Septembre: Au bout des 65 km de paysage géologique se trouve un tout petit village nommé Ayo, nous y allons pour trouver une petite boutique, et nous y rencontrons des dames sympathiques qui tombent sous le charme d’Eliot, bien entendu, mais aussi de Thille dont la couleur des yeux et très peu commune dans le coin! Une d’entre elles nous offre des fèves grillées qu’on a bien du mal à manger tellement c’est dur à croquer! Une fois que c’est fait, c’est très bon pour l’apéro!
Et en parlant d’apéro, il nous faut trouver du pisco, et ici, il est fait à base de canne à sucre, et est vraiment artisanal, la dame nous le sert dans des bouteilles de fanta depuis un gros bidon, puis nous le pèse. 7 soles le kilo, autant dire rien du tout ce qui promet quelques soirées arrosées! Bon, on ne vous dit pas combien de litres on a achetés, ni en combien de temps on les a bu. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’on en aura pas assez car avant d’en retrouver à ce prix là et avec ce goût là...
Elles nous indiquent une lagune qui se trouve au creux de la vallée, non loin du village. Lors des dernières éruptions volcaniques, la rivière a été complètement ensevelie par la lave, celle-ci ressort près d’Ayo, et a crée la laguna Mamacocha. On se dit qu’y passer un ou deux jours serait pas mal, aussitôt dit, nous y allons et descendons une pente bien raide qu’il va bien sur falloir remonter, et on y pense déjà...
La lagune est accueillante, nous y sommes bien et nous y installons pour deux jours.
Ce trou d’eau au milieu du désert est un vrai bonheur, c’est exactement ce qu’il nous faut pour nous reposer de la route et de se baigner un peu. Certes, l’eau est fraîche, mais avec les combinaisons ça va, et puis pour se décrasser de la poussière aussi.
Tout aurait été parfait si Nicolas avait été fichu de nous pêcher une truite! Mais avec sa canne artisanale, et bien, il est revenu bredouille, et on s’est fait une omelette. Pas grave, il aura essayé!
Nous sommes attaqué par les petites mouches qui piquent, elles sont petites, mais plus voraces que les moustiques, et elles nous laissent en partant une goutte de sang et un gros bouton dur qui démange beaucoup. Le pauvre Eliot s’est fait piqué les yeux et depuis on l’appelle Cassius Clay.
Et oui, c’est sûr, le bain à l’eau tiédie au feu de bois est bien moins sympa que dans les thermes de Yanque!
2 Septembre: Nous passons notre deuxième journée de repos au bord de la lagune, Thille et moi partons à la recherche de la source, nous la trouvons et revenons à la nage poussés par le courant de celle-ci.
Nicolas fait de l’exploration et découvre des Chullpas, ces fameuses petites tours funéraires de l’époque précolombienne. Apparemment, elles sont délaissées, la compagnie qui désirent faire un camping autour de cette lagune a fait brûler des tas de poivriers et figuiers, cela a découvert de la végétation ces chullpas. Nicolas trouve des fragments de poterie, et nous trouvons des os tellement carbonisés qu’on ne peut les toucher sans quoi ils tombent en cendre. Est-ce que ce sont des os de momies? Pourquoi ces chullpas ont-elles été laissées à l’abandon? Risques t’elles de freiner les travaux pour le camping? Ou peut-être que tout le monde s’en fiche étant donné le nombre de sites archéologiques trouvés partout dans le pays.
Mais Nicolas est heureux de ses trouvailles, et avec Jessica, ils commencent le puzzle.
C’est sympa de jouer à Indiana Jones, on sait que nous avons entre les mains des objets fabriqués par les hommes il y a très longtemps, et l’idée nous plaît beaucoup.
3 Septembre: L’attaque des mouches tueuses nous fait renoncer à rester un jour de plus, nous avons décidément perdu la guerre contre elles, et repassons au village voir nos copines mamitas et leur racheter quelques produits. L’amoureuse de mon mari nous offre à nouveau des fèves grillées, on lui dit que nous n’avons plus de dents à casser, mais on accepte volontiers son gentil cadeau. A raison d’une fève par demi-heure, on ne risque pas de grossir comme avec les poignées de cacahuètes!
Eliot aide la dame à ranger un peu son magasin avant de partir, c’est pas que ce soit en désordre, mais presque!
Comme cette vallée est un cul de sac, il faut remonter les 65 km jusqu’à Andagua d’où nous partirons pour le canyon de Cotahuasi.
Nous remercions les habitants du village d’Ayo pour leur grande gentillesse.