IQUITOS

7 Décembre: Nous y voilà enfin. La plus grande ville du monde non reliée par la route. Iquitos est une ville qui a connu son heure de gloire pendant l’essor du caoutchouc, jusqu’à ce que la Malaisie lui vole la vedette lors de la première guerre mondiale, lorsqu’un Britannique a eu la bonne idée de sortir des graines d’Hévéa du pays pour les planter en rangées afin d’en faciliter la récolte, récolte qui se faisait sur des arbres sauvages en Amazonie. Evidemment, le déclin à été rapide, mais la ville a gardé ses charmes d’antan, de nombreuses bâtisses sont ornées d’azulejos, les carreaux de faïence importés du Portugal.

Après avoir réservé notre vol, nous faisons un petit tour en ville, apprécions les bâtiments qui font parti su patrimoine, tout comme la casa de fierro, une maison de fer acheminée par voie fluviale puis construite par notre Gustave Eiffel même!

La ville est très très bruyante à cause des innombrables mototaxis dont les pots d’échappements laisse à désirer, mais elle possède un bord de fleuve vraiment agréable qui mérite la promenade.

8 Décembre: Alors que la ville de Lyon se pare de ses plus belles lumières, nous partons visiter la ferme des papillons à Padre Cocha, un village de natifs à 15 minutes en pirogue d’Iquitos sur le rio Nanay.

Pilpintuwasi, (qui veut dire la maison des papillons, comme je parle Quechua couramment maintenant!) est un petit laboratoire, où Gundron, une Autrichienne vivant au Pérou depuis 27 ans se consacre à l’élevage de toutes sortes de papillons,  dont le morpho en particulier.

Nous visitons en premier lieu la nurserie, où les chenilles peuvent manger sans être mangées, et où les chrysalides peuvent activer leur processus de mise en bouillie totale avant d’en faire sortir l’imago, leur oeuvre d’art, une des plus gracieuse chose de la nature: le papillon.

La visite est passionnante, et nous écoutons ses propos avec attention. Elle nous explique qu’ici c’est très difficile d’obtenir des informations concernant les chenilles, leur nourriture et l’espèce. En effet, les habitants du coin ne font pas le rapprochement entre la chenille et le papillon. Pour eux, une chenille est un ver... Donc c’est à partir de l’observation en forêt qu’elle à presque tout apprit.

Voici la chrysalide du morpho, la star des lieux.

Nous sortons de la nurserie pour nous rendre dans son jardin où certains animaux sont en liberté. Une jeune singe capucin, Tony, qui est interdite de séjour dans la serre car elle dévore chenilles et papillons, a été recueillie par un touriste dans une poubelle alors qu’elle était petite. Des enfants l’avaient éduqué à chiper dans les poches, et lorsqu’elle est tombée malade, ne sachant pas la soigner, ils l’ont balancé aux ordures. Elle est donc en liberté ici et en profite pour grimper sur Claude. Claude la transporte alors comme une écharpe.

Soudain, cette saleté de bestiole me saute dessus et me mord l’épaule car je me suis approchée trop près de Claude. Un bel hématome se forme.

Ce singe caractériel a décidé ensuite que je serais sa nouvelle amie, et ne me quitte plus. Mais je ne suis pas tout à fait sûre qu’elle ne recommencera pas et ne suis pas fan d’être son moyen de transport puisqu’elle mange une grosse sauterelle juteuse et la tartine sur moi.

Nous faisons ensuite la connaissance de Lukas, une femelle tapir affectueuse déposée ici par un chasseur ayant tué la mère.

Même histoire pour Rosita, un fourmilier géant à la langue et aux griffes impressionnantes qui mange environ 40000 fourmis par jour.

Mais aimant les sucreries, elle ne refuse pas un bol d’avoine sucré.

Il y a aussi Chavo, un singe Huacary à tête rouge épileptique, c’est pourquoi les photos avec flash sont interdites dans la ferme. Bien plus doux que cette chipie de Tony «piranha».

Il y a tant d’autres habitants de cette ferme, des singes hurleurs sympa, un caïman, un lamantin dont on ne verra que les trous de nez, des aras qui volent mais qui restent dans les parages, ainsi qu’un jaguar qui a été capturé bébé mais qui n’a jamais trouvé acheteur, il a donc atterri ici... c’est une visite vraiment agréable.

Puis nous allons dans la «volière», observer les papillons, mais nous avons tant traîné avec les autres animaux qu’il fait trop chaud maintenant pour les voir voler. Ils se cachent, mais nous en voyions quand même quelques uns, comme le papillon hiboux dont la technique de défense est basée sur l’intimidation!

Nous repartons vraiment enchantés de cette ferme, avec un souvenir mitigé concernant Tony Piranha, après avoir récidivé ses morsures sur la main cette fois, alors que je l’empêchais de détruire le capuchon de mon objectif, ayant aussi gnaqué Claude au mollet et à la main, celle ci quitte mon cou à la sortie de la ferme en me regardant partir en pleurant... étrange Tony... qui désole Gundron confondue en excuses. Heureusement qu’elle n’a pas les dents des macaques, on serait bien amochées!

Pour finir la journée en beauté, Alain décide de se taper un bon banana split dont l’envie lui a été donnée par une belle photo appétissante chez le glacier. Après commande, la serveuse revient et nous annonce qu’elle n’a pas de banane. Fou rire général, le comble du comble, c’est de ne pas avoir de banane alors que le marché mitoyen en est saturé! Trop fatiguant de faire 10 mètre pour aller en chercher une, elle perd de ce fait 4 clients désabusés mais écroulés de rire! C’est ça le Pérou!

9 Décembre: Nous décidons d’aller nous promener dans le quartier de Belen, un quartier qui possède une partie haute, où se trouve un gigantesque marché, et une partie basse, sur pilotis, dans l’eau une bonne partie de l’année, en saison humide. Alain souhaite faire le tour de cette ville flottante en pirogue, nous le suivons  malgré les contres indications de certains qui précisent que l’endroit est dangereux.

Nous trouvons tout de suite une pirogue car lorsque des touristes arrivent ici, les propositions vont bon train.

C’est une comme une petite ville où 7000 habitants y vivent, tiennent des boutiques, des ateliers de mécanique, ainsi qu’un marché sur pirogues qui passe de maison en maison, tout cela montant et descendant au gré des fluctuations du fleuve. Nous voyons même passer des cantines flottantes, comme des petits restaurants proposant leur menus aux habitants. Les animaux paraissent très à l’aise sur leurs bout de bois, les poussins, chiens, poules, cochons et même chats sautent de rondins en rondins avec un naturel inné.

Finalement, nous ne ressentons aucun danger, les habitants des maisons flottantes nous saluent avec de grands sourires et nous sommes bien contents d’avoir tenté l’expérience même si j’étais réticente au début.

Il nous reste à découvrir le marché de Belen, un marché labyrinthique qui regorge de surprises et de nouveautés, que nous allons tester à mesure de notre parcours.

Les vendeurs de cigarettes maisons de tabac noir sont très habiles et roulent les cigarettes à une vitesse impressionnante, (test de vidéo) puis nous sommes attirés par un bruit de fond rythmé: des femmes battent des blancs d’oeufs sucrés avec un fond d’eau chaude en choeur avec des ressorts, fouets atypiques mais efficaces, nous faisons notre première dégustation et sommes tous du même avis, ça caresse le palais et nous rappelle notre enfance lorsque grand mère prépare un gâteau et qu’on lèche le saladier.

Nous suivons ensuite la piste des couleurs, petits piments de toutes sortes et stands de sorcières où les produits sont aussi odorants qu’étranges et colorés. Certains macèrent dans des alcools variés, d’autres sèchent et attendent d’être incorporés à de mystérieuses potions magiques et hallucinogènes, d’autres vont se retrouver en peinture sur les visages de natifs, nous avons les yeux et les narines grandes ouvertes, on ne sait plus où donner de la tête tellement tout ce que nous voyons dépasse de loin le marché de La Paz qui nous avait déjà tant plu.

La piste des couleurs se fond dans une nouvelle, celle du comestible, mais toujours dans la famille de l’étrange. Certains poissons dont le nom compliqué nous a échappé ont des allures de monstres tout droit sortis de la préhistoire. Film d’horreur, vidés de leurs tripes et leurs oeufs à l’air, ces poissons vivent encore. Fraîcheur garantie!

Puis nous tombons sur de l'inattendu, une fricassées de gros vers accompagnées de brochettes de ces mêmes vers dont on va se laisser tenter. Nous achetons une brochette (pour nous 4) et Thille se lance le premier sans sourciller. Un Hummm c’est bon s’en suit. Claude et Alain testent à leur tour, et puisque tout le monde y est passé, je me dois de ne pas faire la chochote et finalement, ce n’est pas mal du tout. Et puisqu’il faut finir la brochette, Thille en avale un deuxième et refait un Hummm, c’est vraiment bon! Donc, vous pouvez tester sans crainte, pensez à retirer la tête.

Voilà, ça c’est fait. Les gens de la forêt viennent vendre leurs gibiers, agoutis, pécaris, tapirs, caïmans, et tortues, certaines encore vivantes sur le dos attendant en agonisant le même sort que leur copines découpées en morceaux. Pas très réjouissant, mais ici, c’est naturel.

Nous terminons notre tournée de nouvelles saveurs sur le Uaba, une grande gousse dont la pulpe est douce et juteuse, un vrai régal. Puis en dernier achat, les camu-camu, de petits fruits gros comme des raisins mais au goût un peu amer. C’est bien meilleur en jus bien frais.

Nous rentrons à l’hôtel pour prendre une douche après avoir gambadé dans le plus pittoresque et plus impressionnant marché de notre voyage. Une heure après, pour tuer le temps, nous décidons d’y retourner des fois qu’on ait loupé quelque chose!!!

C’est l’heure de rendre les clefs de notre chambre, mais l’heure de notre avion n’est pas encore arrivée, ce qui va permettre à Alain de manger enfin...

devinez quoi....

un super...


BANANA SPLIT !!!

Voilà, adios Iquitos, nous te quittons avec de bons souvenirs.

La route était longue mais en valait la peine. Dommage pour le Maranon, mais l’avion c’est pas mal non plus, cela nous permet de retrouver nos véhicules plus vite. Nous les retrouvons comme nous les avions laissés, en pleine forme après 11 jours de vacances sur le parking de l’aéroport de Tarapoto.

10 Décembre: Nous passons la journée à trier nos photos, à nous mettre à jour de notre courrier tout en profitant de nos derniers moments ensemble, car demain, nous nous séparons après un mois de vagabondage ensemble et de bonnes parties de rigolades. Et oui, Thille et Claude sont des alter-égos!

Alors imaginez un peu...

11 Décembre: L’heure de la séparation a sonné, c’est toujours un peu triste après avoir vécu toutes ces aventures ensemble, mais nos routes divergent, Exploracy en route pour l’Equateur, Maisousonthille cap sur le Sud.