2 Janvier: Nous devons aller en direction de Santa Teresa, là où Andrew devait déposer la moto de location pour ensuite aller voir le Macchu Picchu.
Le mauvais temps n’arrange pas nos affaires, la route est vraiment abîmée, les rochers tombent du ciel. Par endroit la voie est très très étroite, le plafond rocheux menaçant de tomber et le précipice de l’autre côté. Mais il ne pleut plus et avançons doucement.
Nous arrivons à Santa Teresa, achetons nos billets de train car nous ferons l’aller comme ça, et le retour à pinces. Il reste une demie-heure de piste jusqu’à la station hydroélectrique, y trouvons le gardien qui gardera un oeil sur nos véhicules, pique-niquons et allons prendre notre train à la station où on tague les chiens recto-verso.
Nous avons bien fait de venir une heure à l’avance, le train se rempli complètement et nombre de personnes restent debout. Le train rejoint alors un wagon de secours sur la ligne et y fait monter les personnes sans place.
Nous croisons beaucoup de jeunes gens qui font la marche à pied en suivant les rails, et lorsque le train passe, ils sont obligés de se jeter sur le talus pour ne pas se faire écraser.
Nous ferons la marche dans l’autre sens mais à l’heure où le train ne passe pas, c’est plus sûr, surtout dans les tunnels!
Aguas Calientes est à 45 mn de Hydroelectrica. La ville n’existe que pour le Macchu Picchu. Hôtels et restaurants font la majorité des bâtiments à l’architecture anarchique.
Ce soir là, une coupure de courant générale oblige toute la ville à allumer des bougies. Cela donne une atmosphère bien plus féerique qu’en plein jour, cependant, on y voit pas grand chose, et les boutiques ont dû se faire piller ce soir là!
Gwen et moi partons à la recherche d’un hôtel, dans le noir, et avons des difficultés à en trouver un avec des chambres libres, tout est complet. C’est un peu désespérant et on a pas envie de dormir dehors, c’est quand même la fête à la grenouille en ce moment.
Finalement, c’est devant la station de train que nous trouvons notre bonheur, on a fait le tour de la ville pour rien finalement.
On nous avait conseillé de manger à l’Indio Feliz, on décide de tenter le coup et nous ne sommes pas déçus, c’est la première fois que nous mangeons aussi bien depuis notre départ, et oui, le chef est Français, c’est sûrement ça, et que c’est réconfortant!
La nuit est courte, nous demandons à être réveillés à 4h30, mais la dame nous lève à 4h.
3 Janvier: ça y est, c’est le grand jour, on a jamais été si près, comme aime à le dire notre Thille national. Nous partons en quête des bus, en y arrivant, un gars nous dit qu’il faut acheter les tickets là haut, alors on remonte, et à notre grande et mauvaise surprise, une file gigantesque vient de se créer pendant qu’on remontait. Nous faisons la queue, ça n’avance pas. Au bout d’une heure, Gwen et Ludo partent à la chasse aux infos: nous ne faisons pas la file au bon endroit! Ici c’est la file pour prendre le bus, non pour acheter le ticket! Alors on part faire la file ailleurs, qui n’avance pas non plus.
Il nous était impossible de voir la pancarte d’achat des tickets, toujours pas de lumière dans la ville, et 1 guichet pour au moins 200 personnes à attendre. Nous sommes en rage. L’organisation laisse à désirer, vraiment.
Le temps passe, et devons prendre une décision, nous allons partir à pied et tant pis pour l’ascension du Wayna Picchu. On économise 8 dollars chacun, c’est toujours ça qu’ils n’auront pas dans leur poche, car 8 dollars pour 10 mn de bus, c’est une honte.
Alors on grimpe, on grimpe, on grimpe... 4 km d’escaliers de géants. 1h30 de marche.
La récompense est la beauté des montagnes au lever du soleil, nous avons de la chance, la pluie a cessé et le soleil joue avec les nuages sur les crêtes verdoyantes.
Puis les premières terrasses du site s’offrent à nous, et nous voilà au sommet. Nous n’y sommes pas encore, il faut acheter nos billets d’entrée, et là, c’est encore la confusion. Un guichet pour des dizaines et dizaines de personnes. Les gens entrent et sortent par la même porte, ce qui crée des embouteillages. Nous sommes une fois de plus déçus par le manque de respect des touristes qui payent très cher la visite de ce site dont le côté mythique s’effrite peu à peu. Déjà que pour Thille la visite du Macchu Picchu n’est pas une priorité, de voir tout ce tintamarre autour pour voir des ruines le dégoûte encore plus.
Mais bon, nous y voilà, heureux d’y être enfin, à 8h30. Il nous a fallu donc 4h30 pour arriver à l’atteindre.
La chance nous sourit, le ciel se dégage pour nous laisser l’admirer, niché au creux de ces pains de sucres majestueux.
Nous en profitons pour faire une photo souvenir pour Andrew qui devait être là aujourd’hui.
C’est quand même un endroit magique, nous y passons 4 heures sans les voir passer. Mais ça monte, ça descend, on en a plein les pattes. Alors Thille décide de faire une petite méditation ressourçante. (photo réalisée sans trucage!)
Ma Lolotte, j’ai fait cette vidéo pour toi puisque tu rêve d’y aller...
Effectivement, il y a beaucoup de monde, faire des photos sans y voir des humains habillés de rouge, orange, bleu qui font un peu tâche au milieu de cet endroit magique est une épreuve de patience.
Avec Gwen, on se disait qu’ils devraient obliger les gens à s’habiller couleur pierre ou en poncho traditionnel. On se fondrait un peu plus dans le paysage.
Ce qui fait la popularité incontestée de ce site est d’une part certainement sa situation géographique spectaculaire dans un décor incroyable, mais aussi parce qu’elle fut inconnue des conquistadores et découverte par hasard seulement en 1911 par l’Américain Hiram Bingham, qui croyait avoir trouvé en fait la cité de Vilcabamba, le bastion refuge des Incas.
Le Macchu Picchu garde pour lui tous ses secrets, de nombreuses hypothèses sont émises quant à sa fonction et même quant à la date de sa construction. La ville était-elle déjà désertée lors de la conquête Espagnole? A t’elle été construite secrètement pour préserver la culture Inca pendant la conquête?
Ce qui est sûr pour les archéologues, c’est que ce devait être un important centre cérémoniel. Le site n’est que très très peu restauré et prouve que les Incas avaient de solides connaissances en architecture et maçonnerie lorsqu’on admire les édifices.
Finalement nous ne regrettons pas notre visite, mais si cela avait été à refaire, nous aurions pris le train depuis Ollantaytambo pour éviter toute
cette route longue et dangereuse, et nous ne nous serions pas levés si tôt puisque à notre départ, vers 12h, il n’y avait plus de queue à l’entrée et le site était beaucoup plus calme. Finalement, il vaut peut-être mieux y être pour le coucher du soleil que pour le lever.
Nous refaisons la descente d’escalier plus vite dans ce sens, allons acheter de quoi faire un sandwich car nous n’avons rien dans le ventre depuis la veille au soir, et on se sent un peu en Hypoglycémie après tous ces efforts. Surtout qu’il y a 12 km à faire le long du chemin de fer pour retrouver nos véhicules.
Nous faisons le retour sous la pluie et apprécions la chance que nous avons eue de pouvoir visiter le Macchu sous le soleil. Nous croisons tous les jeunes qui font l’aller, vêtus tels des bonbons de leur cape de pluie rose, verte ou jaune...
Nous retrouvons nos véhicules respectifs après 2H30 de marche, et décidons d’aller à Santa Teresa pour profiter des eaux chaudes thermales de Cocalmayo.
C’était le meilleur choix à faire, personne ou presque dans les bains, ouverts toute la nuit, chaude et réconfortantes à souhait, ça fait du bien aux jambes qui ont quand même bien travaillé aujourd’hui.
Pour ne rien gâcher, nous avons le droit de camper gratuitement sur le parking au bord de la rivière, et Gwen et Ludo peuvent planter leur tente dans le site qui fait camping également. C’est génial, nous conseillons de faire un arrêt ici à tous les voyageurs qui reviennent du Macchu Picchu avec leur engins.
Et si vous demandez à Thille ce qui lui a le plus plu dans la journée Macchu Picchu, il vous répondra, les thermes de Cocalmayo!!!
4 Janvier: Il faut refaire toute cette foutue route dans l’autre sens, et on appréhende un maximum les effondrements de terrains, les pierres qui tombent et l’asphalte qui s’affaisse. Effectivement, il y a des passages délicats où le goudron se dérobe car la pluie a raviné la terre dessous, ce qui nous fait serrer les fesses lors de ces passages.
Nous retrouvons Gwen et Ludo plein de boue et trempés à Ollantaytambo pour leur rendre leur bagages qu’on a transporté depuis le début du voyage ensemble, ce qui a facilité la conduite de la moto dans ces conditions.
De notre côté, nous allons visiter les salineras de Maras. Ce site incroyable date de l’époque Inca et fonctionne toujours, les puits salants sont remplis par une source chaude et salée, le sel est récolté après évaporation pour le bétail. Un millier de puits se trouve au fond d’un canyon qui, depuis le sommet, offre une vue d’ensemble sur tout le site.
Cet endroit est vraiment spectaculaire et nous sommes vraiment contents qu’il ne fasse pas parti de l’arnaque du boleto turistico. A 5 soles l’entrée, il ne faut pas se priver.
La route est encore longue jusqu’à Cuzco car il faut à nouveau monter en altitude, et nous arrivons bien fatigués au camping à la nuit tombée.
5 Janvier: Aujourd’hui, la mission est de retrouver Andrew à Cuzco. Il aura fallu deux heures de téléphone pour le retrouver. Nous appelons les renseignements pour avoir Quillabamba mais on nous donne de faux numéraux. Nous arrivons à avoir enfin Quillabamba, mais ils ne savent pas nous dire où l’ambulance à transporté Andrew...L’incompétence des services administratifs dans les hôpitaux est déconcertante. On nous passe des services qui ne répondent pas, tout le monde s’en fout une fois de plus. Finalement, avec beaucoup de persévérance, nous retrouvons sa trace.
Nous nous rendons à l’hôpital Lorena où il est censé être. Nous faisons tous les services, trauma, urgences... pas de trace de lui, les nenettes au service trauma emballent des paquets cadeaux et nous répondent d’aller faire le tour des lits pour voir s’il est là! Pas de registre, pas d’aide auprès des employées, rien.
Nous faisons donc le tour des lits, comme dans les années 40, des dortoirs sales, sans intimité.
Il n’est pas là... nous retournons aux urgences pour trouver au moins son nom, puis un chirurgien vient à nous et nous dit qu’il n’est plus là, et qu’il l’a opéré hier soir... Glups, le pauvre est resté 4 jours avec ses fractures.
Nous nous rendons à la clinique Cuzco où nous le trouvons enfin, déphasé par l’anesthésie et la douleur, tout blanc et mal en point. Il est heureux comme tout de nous voir, car il est seul ici.
Ludo et Gwen sont passés le voir aussi et nous rejoignent au camping pour une soirée crêpes pour fêter nos retrouvailles avec Andrew, enfin soigné.
6 Janvier: Nous retournons le voir, il est en bien meilleure forme qu’hier, mais a toujours très mal. Ils ne sont pas au point ici pour tuer la douleur.
7 Janvier: Nous faisons notre petite visite quotidienne à notre blessé, et nous apprend que sa soeur est arrivée ce matin à Cuzco, ses frais pris en charge par l’assurance. ça lui remonte le moral et sait qu’il sera rapatrié dans quelques jours. Heureusement que celle-ci est là, elle va pouvoir s’occuper de lui convenablement car les infirmières ne lui ont jamais fait une seule toilette, ni un brossage de dents. Nous lui avions apporté plein de chewing gums à la mente car on s’en doutait un peu qu’ils négligent les patients ici.
Le tout est de récupérer son passeport à l’agence de location qui fait pression sur lui pour payer plus de frais qu’il n’en doit sur la moto, qui n’était pas si abîmée, nous l’avons bien vue. Surtout que dans le prix est inclue une assurance. Ils retiennent illégalement en otage son passeport, sa soeur va devoir se battre pour ça.
Louer des motos 250cc à des jeunes gens sans permis est illégal aussi. Un des deux Colombien n’avait jamais conduit de moto de sa vie, mais l’agence loue quand même, bravo...
Nous allons rester en contact pour avoir de ses nouvelles au Canada, où ils risquent de le réopérer pour finir le travail.
Courage Andrew, nous admirons ta force!!!