11 Mai: Nous repassons la frontière, et effectivement, le soleil est plus présent de ce côté de la Cordillère. Une nouvelle fois, nous passons devant le très beau Lanin, avec comme message de bienvenue en Argentine deux condors tournoyant au dessus de nous.
Etape à Junin de Los Andes.
En plus des pneus que nous n’avons pas trouvés au Chili les tailles n’étant pas les bonnes, nous avons besoin de deux amortisseurs. Nous les commandons au repuesto du coin qui les aura demain.
La petite ville de Junin est très calme, et nous trouvons sans problème un bon coin pour passer la nuit.
12 Mai: Nos amortisseurs sont arrivés, Thille se met en salopette, et démonte les deux amortisseurs morts sur le parking de la station service. En début d’après midi, tout est remonté et décidons de ne pas prendre la piste qui mène à Villa Péhuenia car nous avons peur que la neige nous surprenne, il fait si froid et les pronostics ne sont pas très bon, les gens de Junin nous le confirment.
Nous restons donc une nuit de plus à Junin et en profitons pour aller visiter la via Christi dont nous avaient parlé Agostina et Michel d’El Bolson. C’est un ami à eux, Alejandro Santana, qui est l’artiste à l’origine de toutes ces oeuvres magnifiques jalonnant le chemin de croix.
13 Mai: Nous décidons d’aller jusqu’à Zapala pour avoir des informations sur l’état de la route menant au parc Provincial de Caviahue-Copahue car ce n’est pas évident qu’à cette époque de l’année la route soit encore ouverte. Il peut neiger plusieurs mètres et l’accès au centre d’intérêt qui pour nous est l'ascension du volcan Copahue peut être compromise. Nous n’avons pas grimpé le Villarrica, alors le Copahue ne nous échappera pas!
La route y menant est une pampa comme nous n’en n’avions pas vue depuis longtemps, pas âme qui vive, nous croisons 2 voitures en 200 km, et la chaleur se fait ressentir, et ça nous fait vraiment du bien de pouvoir enfin retirer les polaires.
Nous arrivons dans cette petite ville pleins d’espoir, nous pensons trouver des pneus, un centre d’information, une laverie et de l’essence. Pas de vendeurs de pneus, pas de centre d’information, la laverie n’ouvre qu’à 17h30 et il est 13h, et aucune des deux stations service ne possède de carburant car la route a été bloquée et ils ne seront livrés que dans 3 jours.
Bon, ben puisque c’est ça, on continue la route bien que nous n’aimons pas rouler tant, mais c’est de l’asphalte, ce n’est pas fatigant.
50 km plus loin, à Las Lajas, pas de carburant non plus, mais au centre d’informations touristiques, la jeune fille nous dit qu’à Loncopue il en reste. C’est sur le chemin de Caviahue et nous en profitons pour la questionner sur ce parc provincial.
Elle nous affirme que la route est ouverte, mais que tout là-bas est fermé, et que pour grimper le volcan, il faut un guide, et qu’il n’y a plus personne à cette saison.
Bon, puisque la route est ouverte, et qu’on tient à voir ce cratère, nous décidons d’y aller quand même.
A Loncopue, il ne reste que de l’essence premium, la plus chère, et tout le monde rapplique avec ses bidons, mais nous arrivons à faire le plein, et tant mieux, même si on a payé cette essence presque un euro le litre, car ils ne seraient pas livrés avant Mardi, et nous sommes Vendredi. C’est pas qu’on ne voudrait pas rester là à traîner dans les environs qui sont très charmants, mais nous avons peur que le temps se gâte, et la montagne sans soleil, c’est encore quelques journées glaciales à supporter.
Nous voilà donc à Caviahue, «lieu de réunion ou de fête» en language Mapuche, petit village de 700 habitants au bord du lac du même nom à 1600 mètres d’altitude. Cet endroit se caractérise par deux choses: selon les informations que nous avons obtenues, la meilleure neige en hiver garantie pendant 5 mois et des eaux thermales uniques au monde.
Ce village a été «fabriqué» en 1986 et est très peu connu des touristes étrangers. Les Argentins de la province de Neuquen y viennent en hiver où la neige tombe en abondance pour faire du ski entre les araucarias, et l’été pour faire des cures thermales à Copahue, l’autre bourg au pied du volcan, à 17 km de piste de là.
Il est tard, le soleil se couche, nous partons à la recherche d’un bivouac, et sillonnons entre des araucarias immenses et trouvons rapidement notre bonheur au bord d’une jolie petite cascade.
14 Mai: Le décors au levé du soleil est époustouflant. Nous n’avions pas apprécié tout cela dans la pénombre hier soir, mais là, nous sommes vraiment soufflés par tant de beauté.
Sans plus attendre, nous partons marcher dans ce paysage préhistorique où nous pouvons facilement imaginer un dinosaure se balader au milieu de cette forêt rustique dont les arbres poussent sur des roches volcaniques.
D’ailleurs, on a l’impression que les araucarias ont joué de mimétisme avec les les dalles naturelles façonnées par les éruptions volcaniques de l’ère glaciaire.
Nous passons de cascade en cascade, le paysage est éblouissant, je manque de superlatifs pour exprimer l’enchantement des lieux.
Après cette promenade matinale qui promet sur le reste de notre séjour ici, nous allons essayer de trouver quelque chose d’ouvert afin d’obtenir un plan du parc, mais le bourg est presque désert. L’office du tourisme est fermé, la saison d’été est terminée, la saison d’hiver pas commencée.
Par chance, une jeune Argentine qui nous voit tourner dans les environs nous demande si nous avons besoin de quelque chose. Je lui demande alors si elle peut nous fournir un plan, et encore par chance, elle travaille dans un hôtel fermé en ce moment mais qui possède des tas d’informations sur le parc.
Andrea répond à toutes nos attentes.
Elle nous dit que le volcan est encore praticable, qu’on peut le faire sans guide, qu’il n’y a pas de crevasse, que la base thermale de Copahue est déserte et nous donne plein de bons plans.
Nous la remercions et lui souhaitons un beau mariage et un beau voyage de noces puisque celui-ci se déroulera le mois prochain en Europe, en passant bien sûr par Paris!
On prend alors la piste de Copahue car on aime bien se sentir seuls dans les villages déserts!
Le panorama sur le lac et le village est sublime, l’effet miroir nous fait penser à notre virée sur le salar d’Uyuni inondé l’année dernière.
Voilà ce fameux volcan Copahue, qui veut dire eaux soufrées en langue Mapuche, dont le cratère fumant nous attend. Il n’est que midi, et Andrea nous a dit qu’il ne fallait que deux heures pour atteindre le sommet, alors voulant profiter de ce ciel bleu, nous décidons d’attaquer la grimpette, mais cette aventure nécessite à elle seule un carnet tout entier...