31 Janvier: Nous y voilà, à la frontière entre le réel et le fantastique, la saison des pluies n’est pas une saison agréable à voyager en camion, mais elle nous offre une surprise merveilleuse, celle d’un salar recouvert d’une fine couche d’eau de pluie qui crée l’illusion d’un miroir du ciel parfait. Dès notre arrivée à Colchani, nous sommes sous le choc.
Il n’est pas croustillant et sec comme nous l’avons vu maintes fois sur les photos d’autres voyageurs, d’ici, il semble être une immense plage d’un lagon sans végétation. On s’approche du sel récolté ici par la population de Colchani, les effets du soleil subliment ce qui ne sont en soit que de petits tas de sel...
Nous croisons quelques 4x4 d’agences touristiques qui disent aller jusqu’à l’hôtel de sel, sur la route de l’île Incahuasi, ou l’île des pêcheurs.
Alors nous commençons notre route au travers de ce salar, le plus grand du monde, grand comme un département Français, soit 12000 km2 à 3600 m d’altitude. Nous arrivons devant cet hôtel que nous pouvons visiter et y boire une bière.
L’intérieur, chaleureux, possède quelques sculptures de sel, le mobilier lui aussi est taillé dans ce matériau qui s’y prête volontiers.
Evo Morales, réélu au mois de Décembre pour 5 nouvelles années, domine la salle commune.
Nous reprenons la «route» et sommes de plus en plus émerveillés, l’eau recouvre maintenant totalement le salar et le miroir du ciel nous donne l’impression de flotter, de voler, d’errer entre eau et horizon sans vraiment savoir où nous situer.
Nous roulons très très doucement sur ces écailles de tortue géante afin de ne pas faire entrer trop d’eau salée dans le moteur, ce qui serait catastrophique. Nous hésitons à aller jusqu’à l’île Incahuasi, à 80 km du bord, mais l’envie de vivre ce moment sur ce décor de fou à son rythme, sans agence, est complètement irrésistible.
Les nuages et leurs reflets sont comme des tâches d’encre sur des feuilles pliées, on y voit des tas d’images, l’imagination s’envole.
Un bus qui passe semble naviguer, c’est le monde à l’envers, d’ailleurs, la photo est à l’envers...
Au loin, l’île des pêcheurs et l’île du poisson se rapprochent doucement, et on comprend alors pourquoi elles portent ces noms lorsqu’on les voit se refléter dans l’eau.
Après 3 heures de navigation, voilà la belle Incahuasi volcanique et ses cactus millénaires et géants. L’île a l’avantage de surplomber le salar et offre un panorama des plus spectaculaire, nous pouvons arpenter ses chemins et dominer l’étendue blanche que l’on voit sécher à vue d’oeil au loin au soleil.
L’avantage que l’on a d’y aller avec son propre véhicule est de pouvoir rester le temps qu’on veut, d’attendre que les lumières changent, ce qui nous laisse voir évoluer le salar au grès du soleil.
L’île devient subitement orange, les nuages laissent le soleil percer au bon moment, mais cela ne dure que quelques petites minutes, juste le temps de faire trois ou quatre photos. Le coucher du soleil s’annonce magique. Le salar est rose, les pluies oranges, et un nandou se promène...
Voici le coucher de soleil le plus spectaculaire de notre vie, ça donne envie de rester ici pour toujours, mais notre petite Bestiole, elle, n’aimerait pas, on sait qu’on va encore en profiter demain, et sur ce coucher de soleil digne des plus grands films hollywoodiens un peu kitch, et après une bonne tartiflette au vrai roblochon trouvé à La Paz, nous vous souhaitons bonne nuit!
1er Février: Il a plu toute la nuit, dommage car c’était la pleine lune, et ce qui avait séché hier est à nouveau une mer calme. Nous décidons de partir plein Sud pour aller dans le Lipez avant d’atteindre l’Argentine, alors on part doucement à la recherche de la sortie. Avec les points GPS, il n’y a qu’à suivre la ligne droite!
A l’approche de la sortie du salar nous le découvrons au sec, une impression de marcher sur de la neige dure, et nous voici sur le chemin de la fin de cette expérience la plus incroyable de tout notre voyage, ce qui nous a le plus subjugué, le plus impressionné, qui nous va nous laisser le souvenir le plus marquant. Et on peut vous assurer que les photos ne peuvent pas rendre ce que nous voyons en grandeur nature. C’est avec regrets que nous le regardons disparaître derrière nous, mais c’est ainsi, il y a d’autres choses à découvrir maintenant...