une fête patronale 
à HUANCAR

28 Avril 09: Le bivouac que nous avons déniché est sauvage et reculé, nous avons suivi le bras d’un rio asséché, et nous nous arrêtons au bord de celui qui porte le nom de Pastos Chicos, perpendiculaire, et alimenté. Nous savons qu’une fête patronale aura lieu le 30 Avril et le 1er Mai à Huancar, un village à 22 km au Sud de Susques, alors nous allons rester dans ce lieu deux jours en attendant la fête.

Nous nous mettons à la cuisine au feu de bois et profitons de notre solitude.    On est là...

30 Avril: Après deux jours à ne pas faire grand chose à part se balader dans les roches friables au milieux des petits cactus, nous partons à Huancar et passons directement devant l’école où Nicole nous avait demandé de nous arrêter afin de saluer pour elle une de ses amies, Gloria. Nous la demandons et nous sommes aussitôt installés dans un bureau le temps que ses collègues la trouve. L’accueil est tout de suite encore une fois très chaleureux, alors que personne ne sait encore pourquoi nous sommes ici.

Gloria arrive, nous transmettons le message et expliquons qui nous sommes. Elle nous emmène dans la cantine de l’école et nous sert un repas. Elle nous explique comment va se dérouler la fête, et nous attendons le son de cloche qui annonce le début des festivités à 15h.

Tout le village est rassemblé autour de la place de l’église. Cette première journée est en fait une présentation des traditions ancestrales afin que les jeunes puissent la comprendre et surtout ne pas l’oublier, alors les plus anciens et les mamitas font des démonstrations de cuisson du maïs au feu de bois. Ici, la mamita nous prépare du pop-corn à l’ancienne, en remuant le maïs séché à l’aide d’une botte de paille.

De l’autre côté, un homme nous montre comment faire de la farine de maïs. Celle-ci sert de base à la préparation de leur cuisine traditionnelle, ainsi qu’à la préparation d’une boisson toute simple et délicieuse: la Ulpada. De la farine de maïs, du sucre et de l’eau. Nous avons goûté et avons trouvé cela très rafraïchissant, ce n’est pas épais du tout contrairement à ce qu’on pourrait croire.

Les personnes faisant partie de la communauté Aborigène nous présentent alors comment ils s’occupent de leurs ânes, la façon dont ils les chargent, la façon dont ils cousent des pompons de laine aux oreilles afin de les distinguer de ceux qui ne leurs appartiennent pas. Les ânes ont un petit sursaut lorsque l’aiguille traverse l’oreille mais n’ont pas l’air de souffrir, c’est comme un piercing.

Ensuite c’est le rituel à la Pachamama, nous ne comprennons malheureusement pas tout, on est incapable d’expliquer ce qui se passe réellement. Les mamitas brûlent des herbes odorantes qui font beaucoup de fumée, et font des offrandes de sodas. C’est plus moderne!

Waldo Soriano, le président de la communauté aborigène, présente tous les protagonistes. La fête se poursuit par la descente de la colline des «misa chicos» les garçons de la messe, qui amènent en musique leur Saint Patron, San José obrero del trabaradores jusqu’à l’église.

Nous sommes de nouveau invités à prendre le goûté et Antonio, le professeur de musique fait chanter les gamins pour nous, c’est un plaisir car certains sont intimidés, mais d’autres y mettent vraiment du coeur!

Il y a des fêtes dans la fête, la directrice, Monica, propose un asado dans la cantine après le départ des élèves, puis nous poussons les tables et la transformons en piste de danse. Les instits sont déchainés, toute l’équipe danse, même César, 77ans, un de leurs amis venu pour l’occasion. Thille leur apprend la macaréna qui a beaucoup de succès!

Les misa Chicos sont réunis dehors autour d’un grand feu et jouent de la musique, il faut tourner autour en dansant comme des indiens en couple. Au signal, on change de sens. Puis nous partons dans une famille qui fête le baptême de leur petite fille, Jimena. C’est une nouvelle occasion de manger, car comme vous vous en doutez, l’asado était rikiki, et il fallait bien finir sur quelques pizzas!!! Une fois le ventre bien, bien plein, nous allons dans la salle

du club sportif, ou les misa chicos se sont réfugiés du froid, tout le village est là, et tout le monde ou presque danse autour d’eux, c’est un vrai bazard. Puis nous et notre petit groupe d’instits retournons  danser à la cantine, jusqu’à 2 heures du mat, heure à laquelle le groupe électrogène du village cesse de fonctionner. (heureusement, car c‘est dur de suivre le rythme! enfin je parle pour moi, car le père Thille est plutôt en forme, comme d’hab.)

Nous partons nous coucher, la camionette stationnée dans la cour de la maman de Cresencia. Nous nous étions garés sur le terrain de sport cet après-midi, près du rio, mais le défilé de galopins dans la camionette n’arrêtant pas, nous avons dû nous résoudre à déménager. J’ai pu en compter jusqu’à 15 à l’intérieur, comme des sardines, sur les banquettes, et dans le couloir, à observer, à tout toucher. Ensuite les ados du coin sont venus, puis d’autres criaient en arrivant en courant «c’est ouvert!» alors là nous avons compris que ça durerait toute la journée. Il fallait bouger.