16 Juillet: Nous avions une petite appréhension avant d’arriver dans cette tentaculaire ville, mais finalement, nous sommes agréablement surpris, pas d’embouteillage, pas de grands immeubles, pas de stress. Nous sommes vraiment très très loin du bourdonnement et de l’excitation de La Paz.
Santa Cruz a vraiment du charme.
Et on sent bien ici qu’il y a beaucoup plus d’argent qu’ailleurs dans le pays, nous voyons de très nombreux 4x4, y compris des Hummers limousine, les Cruzenos vivent bon train.
La région dont elle est la capitale est un département indépendant, les habitants ont voté pour l’autonomie et l’essor agricole a permis une augmentation des salaires et du niveau de vie.
17 Juillet: Installés dans notre parking, nous sortons faire un repérage des lieux. Il fait nuit tôt sous les Tropiques, et il y a un monde fou dehors à flâner.
Alors nous faisons comme tout le monde, nous flânons.
La Basilique, qui date de 1845 est magnifique aussi bien à l’intérieur avec toutes ses boiseries qu’à l’extérieur enveloppée de lumières flamboyantes. C’est Dimanche et les messes se font en continu. Il y a tellement de fidèles qu’elles se font en plusieurs fournées et certains attendent dehors que les bancs se libèrent à la fin d’une messe pour s’y engouffrer en attendant la suivante.
Il y a beaucoup d’animation également autour du marché artisanal du Dimanche, vendeuses de friandises dont le Thillou raffole, (vous vous souvenez? Les fraises d’amour!), des musiciens de rue, des vendeurs ambulants de tas de petites merdouilles...
18 Juillet: Nous nous rendons au marché acheter de quoi se faire un poisson à la Tahitienne. Dès qu’on peut trouver des produits de la mer ou de rivière, on se rattrape de tous ces mois passés en Argentine à manger de la bidoche.
Et nous jetons notre dévolu sur le Surubi, un gros poisson de rivière qui on espère sera aussi bon que nous l’annonce la super gentille et charmante poissonnière qui s’est amusée à poser pour les photos.
La pluie tombe toute la nuit, et ça refroidit considérablement la température. La vague de froid nous a rattrapés.
Il ne pleut pas trop en pleine journée, ce qui nous permet de faire le tour du marché Los Pozos, où on trouve vraiment de tout, où l’atmosphère se fait plus Bolivienne, ce qui contraste grandement avec la place centrale et ses jeunes branchés.
Ici on vend des ignames, des bananes plantain, du maïs, on mange sur un petit banc des soupes de cacahuète, et cela devient notre endroit favori pour s’immerger dans la vraie Bolivie.
C’est aussi l’endroit où les Mennonites viennent faire leur marché.
Les Mennonites nous intriguent grandement. Ils sont tous habillés de la même façon, salopette sombre et chapeau de cow boy pour les hommes, robes sombres aux motifs discrètement fleuris et chapeau large et clair pour les femmes. Les modèles sont exactement les mêmes pour tous. Les enfants sont les copies conformes des adultes et sont très nombreux.
Ils sont tous très grands, cheveux clairs, yeux bleus et nous regardent de façon insistante. Nous ne savons pas comment interpréter ces regards, et nous ne prenons aucune photo pour ne pas les gêner.
Nous nous renseignons alors sur cette secte car c’est très impressionnant de voir à notre époque des personnes habillées à l’identique et à la mode du début du siècle dernier à la façon des Amishs, leurs cousins, et parlant une langue étrange, un Allemand ancien, le Plautdietsch. Ils tirent leur nom d’un prédicateur des Pays-Bas, Menno Simons (1496-1561), un des chefs de l’anabaptisme pacifique. C’est une communauté religieuse très conservatrice issue de la réforme protestante de Zurich vers 1520, dont l’idéal est fondé sur l’enseignement du Nouveau Testament. Ils sont anabaptistes ( Ils préfèrent le baptême à l’âge adulte après une profession de foi personnelle) et refusent tout progrès technique et surtout le luxe.
Ils ont été très mobiles dès leur apparition pour échapper aux persécutions politiques et religieuses dont les anabaptistes souffraient à l’époque. C’est pourquoi ils sont plus d’un bon million à travers le monde, notamment au Bélize, au Mexique, en Inde, en Bolivie, un peu en Argentine, mais surtout au Paraguay, où des membres de leur communauté ont été appelés à la suite de la guerre du Chaco pour coloniser les terres à la frontière Bolivienne où ils sont aujourd’hui plus de 35000, des terres enclavées qui leur permettent de garder leurs traditions puritaines intactes et loin des influences du monde moderne.
Nous questionnons les personnes susceptibles de nous en parler un peu, dont le monsieur Suisse qui travaille en face de notre parking. Il nous explique que ce sont des gens très bons, travailleurs, leur mode de vie est exclusivement rural. Ils refusent la contraception et ont de nombreux enfants, mais la rupture avec l’environnement social oblige les mariages entre cousins, ce qui provoque de gros problèmes de consanguinité, ce que nous avions remarqué.
On se demande si les jeunes, qui voient bien ce qui se passe autour d’eux en ville, ont les mêmes convictions que leurs parents, mais ils n’ont pas vraiment le choix, s’ils veulent quitter la colonie, ils ne pourront plus jamais y retourner et voir leurs familles. Une exclusion à vie.
Nous aimerions en savoir plus, mais le contact est difficile.
20 Juillet: Il est temps de changer les pneus, et les prix pratiqués en Bolivie combinés à la baisse du dollar nous font sauter sur l’occasion, nous trouvons notre bonheur, et surtout celui de la Bestiole qui va être très contente d’avoir de nouveaux chaussons.
Nous continuons nos pérégrinations dans cette ville que nous aimons beaucoup, cosmopolite, contrastée, tropicale, (mais bon sang qu’il fait froid!) où nous mangeons bien, où les gens sont très aimables, en pensant que nous pourrions y retourner après notre virée au Brésil.
23 Juillet: C’est donc avec nos 6 nouveaux pneus que nous partons sous un soleil radieux et une chaleur cuisante qui nous a manqué toute cette semaine pour la route des missions Jésuites. Nous quittons les gones qui ont encore quelques bricoles à faire ici et qu’on retrouvera encore certainement sur la route puisqu’ils vont faire le même circuit.