1 er Juin: Nous arrivons à San Juan et allons directement dans un camping à la sortie de la ville. Dans la soirée, nous sommes rejoints par nos gones, eux aussi avaient envie de passer une nuit à San Juan avant d’aller visiter la région, et se retrouvent dans le même camping que nous . Nous les retrouvons avec plaisir et passons la soirée à discuter de nos itinéraires futurs, c’est fort probable que nous ferons un bout de chemin ensemble.
2 Juin: Nous nous rendons à la HSBC pour nous présenter et annoncer l’arrivée de nos cartes bientôt. Il nous faut trouver un endroit agréable pour patienter, Maud et Seb proposent de rester un bout de temps avec nous. Ce n’est pas de refus, c’est bien plus sympa d’être en bonne compagnie lorsqu’on ronge notre frein...
Nous allons donc vers la retenue d’eau à Ullum, et après quelques difficultés à trouver un endroit propice pour quelques jours, nous trouvons notre bonheur dans un camping au bord du lac, abandonné avant finitions apparemment depuis longtemps. Cependant, les installations sont en bon état et pouvons jouir de barbecues, de tables et de bancs.
Nous faisons un stock de bois et aménageons notre bivouac comme si nous étions à la maison.
Nous faisons ronfler le barbecue tous les jours, tout y passe, les pommes de terres, les bananes, les patates douces, les courgettes, la viande, des calzones, des papillotes, ça occupe bien nos journées de cuisiner au bois, surtout que la mission de chaque matin était d’aller toujours un peu plus loin pour trouver quelques troncs à brûler.
8 Juin: On quitte notre campement et allons en ville pour chercher nos cartes pleins d’espoir. Malheureusement, elles ne sont parties qu’aujourd’hui de France. Nous sommes très déçu mais on se fait une raison. Il va falloir traîner encore dans le coin. Maud et Seb nous quittent, il ont été bien gentils de rester avec nous tout ce temps, mais ils ont envie de visiter les parcs Nationaux plus au Nord, et on les comprend, on partirait bien avec eux.
Nous retournons dans notre camping à Ullum, y passons la nuit.
9 Juin: Un homme chargé d’arroser les lauriers roses à l’entrée du terrain que l’on croyait abandonné vient poliment nous demander de ne pas rester car il appartient à l’état et est par conséquent privé. Nous nous exécutons et cherchons à nous poser, et c’est dans le lit de la rivière à sec que nous trouvons la tranquillité. Dommage, nous étions bien ici.
10 Juin: Aujourd’hui c’est vendredi, on a un espoir qu’elles soient arrivées par DHL ce matin. L’agent de banque nous dit que non, et que le volcan Puyehue au Chili dans la région des lacs où nous étions il y a un mois est entré en éruption, que ses cendres envahissent l’espace aérien, et que tous les aéroports Argentins ont interrompu leurs vols jusqu’à nouvel ordre. Ce n’est vraiment pas de chance, nos cartes sont dans un avion bloqué à Buenos Aires. De plus, il nous annonce que lundi c’est férié, c’est le jour de la fondation de San Juan, il faut donc attendre mardi.
Alors comme c’est le week end et que Ullum est un spot pour la moto cross et le quad, nous nous réfugions au camping où à cette période nous sommes les seuls clients.
15 Juin: Hier nous avons appris que les cartes étaient bien à San Juan, mais livrées à 17h, quand les banques sont fermées bien sûr! Nous passons une partie de la journée à essayer de joindre DHL sans succès, sinon la succursale de Buenos Aires qui nous confirme qu’elles sont bien à San Juan. Alors aujourd’hui nous faisons le planton à la HSBC, et une heure avant la fermeture toujours rien, alors nous décidons de faire du forcing auprès du banquier afin qu’il se débrouille pour les joindre, qu’ils livrent avant 13h, heure de la fermeture. Car ça peut durer longtemps, ils peuvent continuer à venir l’après-midi durant des semaines, ce sera toujours porte close! Et nous, nous ne bougerons pas des beaux fauteuils en cuir de la salle d’attente du service client premier, les Thille sont en colère!!!
Au bout d’une heure, ce monsieur arrive ENFIN à les joindre leur demandant expressément de venir. Ils s’exécutent et un livreur vient enfin nous délivrer de San Juan à 13h pile!
16 Juin: Les affaires reprennent, fini le chômage technique de l’appareil photo, la remise du camescope et l’arrêt momentané des mises à jour du site. Au boulot, vamos a ver la Difunta Correa!
Depuis le début de notre voyage en Argentine nous voyons très souvent sur les bas côtés de la route des petits tas de bouteilles plastiques pleines d’eau et empilées devant une pancarte remerciant la Difunta Correa, en Français, la défunte Correa. Avant de comprendre, nous trouvions que ces rituels ressemblaient plus à des décharges sauvages qu’à des autels païens, mais nous savons maintenant que les Argentins lui témoignent une véritable vénération.
Une vénération qui prend sa source dans une légende romantique dramatique datant de 1840, époque de la guerre civile.
Cette jeune femme, nommée Maria Antonia Deolinda Correa, n’écouta que son coeur et partit avec son nourrisson à la recherche de son époux emprisonné par les Unitaristes. Elle suivit ses traces dans les montagnes désertiques de San Juan et mourut de soif. Jusque là, rien de miraculeux, si ce n’est que lorsque des muletiers de passage la retrouvèrent, son bébé était encore en vie, accroché à son sein en train de téter. C’est en cela que les habitants de la région reconnurent un miracle. Elle fut enterrée dans la Sierra Pie de Palo, près du hameau de Vallecito et son histoire qui émut beaucoup le peuple Argentin circulât bientôt dans tout le pays.
Le petit village de Vallecito ne vit qu’à travers ce sanctuaire, il n’y a que des petits resto et des échoppes à touristes vendant des souvenirs et des offrandes que l’on peut faire à cette icône.
Si le Vatican ne l’a pas sanctifiée, les Argentins, eux, l’on fait, et nous sommes à mi chemin entre le paganisme et la religion chrétienne.
Nous voyons même une femme montant à genoux les escaliers menant à la statue, certains lui offrent des fleurs, d’autres des bouteilles d’eau, des bougies, sans parler des milliers d’ex-votos la remerciant d’avoir réalisé leurs souhaits ou lui demandant protection et santé.
Chacun dépose ici la représentation du souhait exaucés ou formulé, les plaques minéralogiques sont là en force, pour s’assurer protection pendant les déplacements, éviter les accidents. Nous pouvons aussi y trouver des pièces pour autos ou camions, des équipements de travail de chantier, des maquettes de maisons, des plâtres pour remercier des guérisons, d’innombrables photos de couples, d’enfants, d’animaux, comme des chevaux de compétition de polo, ou même, plus puéril et mignon, des truies qui ont eu beaucoup de porcelets...
Cette jeune femme n’aurait jamais pu imaginer la passion qu’elle déchaine depuis plus de 170 ans. Par contre, nous ne savons pas ce qu’il est advenu du petiot qui a survécu! Ses descendants seraient étonnés de toute cette dévotion.
En contre bas de la butte sanctuaire se trouvent plusieurs petites chapelles dédiées chacune à une chose précise, la chapelle où les jeunes mariées offrent leur robe, celle où les sportifs offrent leurs coupes, celle où les forces de l’ordre offrent leurs casquettes et uniformes...
Et nous, nous avons trouvé la notre, celle des camions, des routiers, des voyageurs, alors on se prend au jeu et on y a laissé notre carte...sur la maquette du camion citerne!!! (on aurait pu tout aussi bien y laisser une chambre à air ou un amortisseur!)
Alors pendant qu’on y est, chère Maria Deolinda la Difunta, il faudrait que tu veilles sur deux naissances au mois de Juillet: celle du premier bébé de mon petit frère Jérôme et sa chérie Audrey, ainsi que sur celle du restaurant de ma petite soeur Lolotte qui ouvrira bientôt ses portes. Merci d’avance!
Nous avons bien passé une bonne heure à explorer ce lieu culte Argentin. Même si nous n’accrochons pas du tout à ce genre de rituel, nous avons trouvé cet endroit très touchant car ceux qui ont la foi, eux, y mettent tout leur coeur.
Nous repartons après cette pause en direction de San Agustin de Vallé fértil, un pueblo niché dans de basses montagnes près d’un rio et d’une réserve d’eau au milieu de cette région semi aride et poussiéreuse. C’est un endroit parfait pour fêter avec un jour d’avance notre cinquième anniversaire de mariage. Nous n’aurons pas la possibilité de manger au restaurant demain où nous serons alors on en profite ce soir.
Et la spécialité d’ici c’est le chevreau à la parrilla. On se fait bien plaisir, tout en réfléchissant à notre programme de demain, alors les parcs Nationaux Ischigualasto et Talamapaya, ou pas?
17 Juin: Nous nous levons sous un ciel gris, ce n’était pas arrivé depuis longtemps. Et ce temps maussade décide pour nous du parc de la vallée de la lune, ou Ischigualasto. Nous voyons de partout toujours les mêmes photos de deux endroits qui doivent être les seuls intérêts de ce parc, et d’après ce qu’on pense, ça ne doit pas être bien plus impressionnant que tout ce qu’on a vu dans le Nord Ouest Argentin, gratuit et sauvage qui plus est. Ce parc ne se visite pas seul, il faut suivre un convois de minibus en file indienne les 40 km de boucle en trois heures, ou visiter à bord d’un de ces minibus. Ensuite il faut quitter le parc. Le côté vraiment étriqué de ce système ne nous séduit pas du tout, nous ne voyons pas les parcs nationaux sous cet angle. Ici, pas possible d’en profiter pleinement pour le tarif annoncé qui est à notre goût disproportionné.
Le temps se dégage, et passons dans le parc National Talampaya, et là, même topo, encore plus cher, visiter les trois points d’intérêts nous coûterait environ 400 pesos, pour faire un tour en minibus genre traine couillon. Nous comprenons ceux qui en sont au début de leur voyage et veulent avoir un bel aperçu des merveilles naturelles d’Argentine, mais pour nous qui connaissons bien le Nord Ouest, (sans être blasés comprenez nous bien), nous préférons ne pas dépenser tant. Là aussi, nous ne pouvons pas dormir où on veut, le prix du circuit ne comprend pas le tarif de l’entrée du parc, bref, un attrape touriste qui nous fait détaler.
Alors on s’arrête sur le bord de la route et on va se promener, on se fait le parc Talampaya à notre façon.
On escalade les collines pour avoir une vue sur toutes les montagnes du parc.
Un peu plus loin, on s’arrête voir notre champignon de pierre à nous, puis on se promène dans un petit canyon qui vaut le coup d’oeil aussi.
Où les troncs des arbres sont verts, et où les insectes se font de petits nids de terre accrochés aux parois.
Nous ne regrettons en rien notre décision d’avoir fait l’impasse sur les deux parcs. La route se poursuit par la cuesta Miranda, une piste sinueuse qui grimpe, assez vertigineuse par endroits et offre des paysages très colorés, surplombant une rivière qui donne un peu de fraicheur à cette région sableuse et poussiéreuse.
Nous aimons beaucoup cet endroit dont les paysages se rapprochent de ceux que nous avions vus en 2009 au début de notre voyage, un peu comme un pèlerinage, nous allons bientôt rejoindre le bout de route tracé à cette époque, parmi cardons et montagnes abruptes et colorées, jusqu’aux thermes de Fiambala, un endroit que nous avions particulièrement aimé.
18 Juin: Pressés de retrouver les thermes, nous nous levons spontanément très tôt, il fait encore nuit, ça nous fait tout drôle, mais comme on ne dort plus, on se prépare à faire les 160 km qui nous en séparent.
Et des fois, se lever tôt, ça a du bon! Le lever de soleil sur les montagnes est un spectacle toujours prenant.
Plus tard dans la matinée, en approche de Fiambala, nous sommes rattrapés par une tempête de vent, le Zonda, un vent fort et chaud qui soulève la terre et adoucit le découpage des montagnes.
Mais qui nous secoue et qui nous gâche la vue!
Nous arrivons à temps aux thermes pour nous dépoussiérer! Et surtout pour retrouver par hasard au croisement dans le village les Gones, Maud et Seb, qui en descendent. A 1 minute près, on n’aurait même pas su qu’ils étaient encore dans le coin. Nous papotons une heure et nous nous séparons une fois encore.
Nous arrivons aux thermes, payons d’avance pour 4 jours et allons nous trempouiller après avoir fait un peu de dépoussiérage, mais là, c’est une drôle de surprise qui nous attend, l’eau n’est plus aussi chaude qu’avant! Il y a deux ans lors de notre première visite, la température de l’eau déclinait depuis le premier bassin dans lequel il était difficile de tenir plus de 20 minutes à la dernière qui était refroidie par le dénivelé et n’était plus qu’à 25°. Ce qui nous permettait de choisir entre plusieurs températures très agréables en fonction du temps dehors. Or, à présent, le tout premier n’est pas plus chaud que les derniers bassins naguère. (ça nous fait bien râler!)
On se fait une raison et apprécions l’endroit d’une toute autre manière, la tranquillité des lieux, le bas prix pour le confort offert, et les bassins qui, au soleil, sont quand même appréciables.
19 Juin: Il y a beaucoup de monde aujourd’hui car c’est le week end de la fête des pères, (bonne fête mon papounet!) et nous sommes rassurés car comme le vent souffle moins fort, l’eau est à nouveau chaude. Nous préférons attendre que les gens partent pour avoir plus de place, et nous nous baignons le soir. Une coupure de courant qui dure nous plonge dans l’obscurité totale, et nous offre le spectacle des milliards d’étoiles scintillantes dans un ciel pur, une vraie féerie. (on ne rouspète plus!)
20 Juin: Ce qui est bien dans le fait de pouvoir camper là, c’est de pouvoir se baigner à n’importe quelle heure. Le matin tôt, avant le lever du soleil, c’est le moment le plus magique. On voit le renard qui rôde, on observe les étoiles, et surtout, on attend le soleil qui se lève sur les montagnes de la Cordillère en buvant le café les fesses dans l’eau.
21 Juin: Premier jour de l’hiver. Il fait beau, et il n’y a pas un chat dans les thermes. Nous les avons pour nous tout seuls après la cohue du week-end. Et comme il n’y a plus du tout de vent, l’eau est redevenue ce qu’elle était. Nous avions eu peur que le volcan n’offre plus sa chaleur d’antan.
Nous voilà à l’abri de rhumatismes, de psoriasis, d’allergies cutanées et d’affections respiratoires pour un bout de temps!
22 Juin: Bon, ici, c’est un petit paradis, mais il faut quand même remonter un peu pour semer le froid de l’hiver, et il y a tellement de choses encore à découvrir avant d’arriver à Salta.