18 Septembre: Le temps est gris, nous voyons tout en noir et blanc. D’ailleurs, je vais mettre les photos en noir et blanc. Le bord de mer est découpé, l’océan est déchaîné, le temps est brumeux.
Nous nous arrêtons à Puerto Inca, un port d’où partaient des coureurs pour rallier Cuzco avec leur chargement d’algues, de coquillages, de crustacés. Ici est l’endroit au bord de l’océan le plus direct pour se rendre à Cuzco, mais il faut passer les montagnes, et ça fait pas mal de bornes. Ces coureurs devaient ensuite rapporter des produits de là-bas qu’on ne trouve pas en bord de mer.
La Panaméricaine est une route empruntée par des énormes camions et des bus presque exclusivement. Nous nous sentons tout petit lorsque de grosses remorques nous doublent ou nous croisent si vite à en faire s’envoler les panneaux solaires. La Bestiole vibre de tous les côtés.
Par endroit, les dunes traversent la route.
Nous trouvons facilement un squat sur les immenses plages pour passer la nuit, où des chiens grignotent les restes d’otaries en décomposition. Demain nous serons à Nazca.
19 Septembre: Juste avant d’arriver à Nazca, il y a une vieille nécropole datant de plus de 1000 ans nommée Chauchilla, les pilleurs de tombes s’en sont donnés à coeur joie et on laissé en pagaille toutes les momies des Nazcas. Maintenant elle sont, depuis peu, soigneusement placées dans des cavités sous des paillotes les protégeant du soleil. Cependant, autour de ces dizaines de tombes, on peut trouver des lambeaux de tissus, des ossements un peu éparpillés partout.
Le gars à l’entrée du site nous demande 10 soles par personne, nous lui demandons le ticket, sur lequel est marqué droit d’entrée 5 soles. Il nous rend à notre demande les 10 de trop. Tous les moyens sont bons pour gratter quelques sous.
Si on aime les squelettes, on est servi, on peut constater que les Nazcas avaient un goût prononcé pour les coiffures originales, leur toison leur permettait toutes les fantaisies.
Et comme nous savons, notamment grâce à tous les dessins que l’on peut voir du ciel, qu’ils étaient aussi artistes dans l’âme, on peut imaginer le butin garni des voleurs de tombes.
On a même retrouvé la momie de Bob Marley!
Sur les bons conseils de nos amis Belges Claire et Pierre, nous allons à la rencontre de Daniela, Edmundo, et leur jeune fils Emiliano, les propriétaires d’un écolodge, Wasipunko (la porte de la maison en Quechua) juste un peu au Sud de la ville, dans lequel nous pouvons camper. L’endroit est enchanteur, c’est comme une oasis tranquille où les colibris butinent derrière la bruyante panaméricaine. L’accueil est des plus agréable, Daniela et Edmundo nous proposent de partager leur repas et nous préparent un bel asado.
20 Septembre: Nous traînons nos guêtres à Wasipunko, à profiter des chants des oiseaux en attendant notre vol pour voir les fameuses lignes de Nazca. L’heure arrivant enfin, (nous avons choisit la fin d’après-midi pour la belle lumière du soleil sur le désert) et nous nous rendons à l’aéroport.
Le vent souffle pas mal et l’idée de voler dans un si petit avion avec ce vent n’est pas très rassurant, enfin, pour ma part.
Nous entrons dans le CESSNA avec trois nenettes Allemandes. Le pilote nous fait un topo sur ce que nous allons voir, et c’est parti. Avant de voir les lignes, nous voyons un magnifique désert, bien plus beau vu d’en haut que vu d’en bas.
Cinq minutes et quelques sympathiques turbulences après le décollage, nous nous trouvons au dessus de la baleine et confronté au premier dépôt de bilan d’une des jeunes filles à l’arrière. Les dessins sont très beaux, et paraissent bien plus petits que nous l’imaginions, nous ne sommes qu’à 200 m au dessus du sol.
Puis nous survolons celui qu’ils appellent l'astronaute, dessiné sur le flanc d’une colline.
Le singe...
Le grand condor...
L’araignée et le colibri...
Les mains et l’arbre tout proches de la panaméricaine. Un des dessins, le lézard, à la queue coupée par la route, mais elle a été construite en 1920, alors que les lignes ont été découvertes en 40, et comme d’en bas on ne les voit pas, le mal était fait. Ce qui est surprenant, c’est plus le nombre infini de lignes et dessins géométriques dont on ne parle pas trop. Tout le monde connaît les dessins, mais nous avons apprit que dans la région, c’est plus de 7000 dessins et figures géométriques qui intriguent toujours les scientifiques. La réponse la plus plausible serait que ces lignes représentent un calendrier géant. En effet, les hommes de l’époque devaient être de grands observateurs de la nature pour en comprendre les mécanismes, notamment ceux de la météo. Nous, on regarde sur internet comme dit Edmundo, eux, avaient besoin de se créer certains repères. Ces lignes en sont peut être. Les représentations d’animaux sont peut-être aussi les délires d’artistes Nazca, sachant qu’ils avaient beaucoup de goût et faisait les plus belles céramiques décorées jamais découvertes. Plus belles que celles des Incas.
Malgré l’odeur des vomis de cette pauvre fille qui a passé la demie heure la tête dans le sac, nous passons un très beau moment, avec des virages à droite, à gauche, pour que tout le monde voit bien. C’est vrai que l’horizon n’est jamais vraiment horizontal!
Edmundo nous a parlé de la Pachamanca, un repas de fête traditionnel Andin qui se perpétue à travers les époques. C’est une cuisine enterrée, les pierres chauffent au feu de bois tout l’après-midi, puis les aliments sont emballés dans des feuillages divers, pailles, feuilles de bananiers, posés sur ces pierres chaudes...
L’enterrement et la sortie de terre sont cérémoniels, les cultures andine et chrétienne se mélangent, et une croix fleurie est plantée dans le sable sur le four.
Environ deux heures plus tard, un parrain et une marraine sont désignés, (c’était moi la marraine!), on boit de la chicha, breuvage à base de maïs mâché et fermenté, on en verse un peu pour la pachamama, et on creuse la tombe. Nous y découvrons ce qu’Edmundo et Daniela y ont enterrés...
Du poulet, du cochon, des fèves, des patates douces, des patates tout court, des tamales, du fromage, du maïs...
Et ça fait une belle table, nous nous régalons de ces choses simples. Cela nous paraît meilleur car c’est cuit dans la terre, comme les ancêtres le faisait dans tout le cercle Pacifique, puisque dans le Sud du Chili, au Pérou, tout comme en Polynésie on peut retrouver ce procédé de cuisson.
Nous sommes très heureux qu’Edmundo et Daniela nous ai fait connaître ce plat vraiment typique, nous avons bien fait de rester une nuit de plus.
C’est pas beau tout ça?
21 Septembre: Nous quittons nos hôtes avec regrets, nous sommes bien heureux de les avoir rencontrés, et si certains d’entre vous aimeraient aller voir les lignes de Nazca, le Wasipunko est une bonne base pour se reposer une ou deux journées, pour goûter la pachamanca, et pour rencontrer des jeunes gens bien sympa et cultivés.
Voici leurs coordonnées: KM 462 sur la panaméricaine Sud à 10 km de Nazca.
E-mail: wasipunko@hotmail.com
Site: www.nascawasipunko.com
La petite bourgade de Nazca nous a bien plu, c’est une petite ville animée qui vit complètement grâce au tourisme qu’apporte ces énigmatiques lignes. Tout est tourné sur elles, les dessins sur les murs des restaurants, le mobilier urbain, les noms des hôtels, l’artisanat, les plantes sur les ronds points et les places ont la forme du singe, du colibri, du condor...
C’est une bonne étape sur cette monotone panaméricaine.