CAFAYATE ET LA QUEBRADA DE LAS CONCHAS

9 Avril 2009: Cafayate est la petite ville la plus importante et la plus touristique de toute la vallée. Les vignobles et les paysages fantastiques du coin en font une destination incontournable pour les amoureux de la nature. Nous sommes surpris à nouveau car nous passons d’un paysage assez sec à un endroit plutôt bien irrigué. Le changement est progressif, nous voyons encore quelques cardons géants au milieu des vignobles. La ville n’a rien de séduisant par elle même mais elle présente un échantillon de la culture indienne par son artisanat. La ville est fleurie de magasins de souvenirs, de tissages, de céramiques, d’objets en bois de cardon, et on se plaît à y flâner à vélo.

D’ailleurs, quelques jolies petites randonnées se présentent à nous, alors nous pédalons en faisant attention aux épineux qui sont toujours autour de nous. Doudou en a marre de réparer ses pneus qui sont truffés de rustines.

La ville est en contre-bas de la montagne, et le rio colorado la descend, alors nous partons à sa rencontre. Des flèches blanches sont peintes sur des gros galets, nous pensons que c’est le balisage, mais c’est en fait un petit piège malin pour attirer les promeneurs à la recherche du sentier près du rio et de ses petites cascades. En effet, nous débouchons sur un entonnoir de petites maisons en pisés où vivent quelques indiens. Nous voyant chercher le sentier, un jeune s’approche et nous dit que le sentier pour le rio ne se trouve pas là, mais que si on le souhaite, il peut nous faire voir des peintures rupestres âgées de 20000 ans! Comme nous comprenons qu’il cherche à gagner un peu de sous, nous le suivons, un peu curieux quand même de voir ces peintures. Une petite grimpette à flanc de montagne et nous voilà face à un espèce de dolmen naturel sous lequel sont représentés des symboles liés à la Pachamama. Nahuel, notre guide improvisé, nous explique que des scientifiques de Buenos-Aires sont venus identifier ces peintures, mais nous sommes un petit peu sceptiques, les peintures nous paraissent rafraîchies et pas si vieilles que ça. Nous nous trompons peut-être, c’était toujours intéressant de rencontrer ce jeune homme et de l’aider un peu. Celui-ci aimerait bien qu’on lui envoie des vêtements de France, nous lui expliquons que malheureusement nous n’allons pas pouvoir de si tôt!

Il nous indique finalement le chemin pour le rio Colorado, mais le temps devient menaçant, et la pluie tombe déjà dans cette direction, alors nous redescendons nos 5 km à vélo pour rejoindre la ville. C’est alors que nous rencontrons un jeune couple de cyclistes français. Nous papotons autour du camion et nous racontent leurs voyages à vélo, leur palmarès est impressionnant, cela fait 20 mois qu’ils sont sur leur selle et ont parcouru l’Asie, l’Inde, l’Iran et toute l’Europe de l’Est de cette façon.

Comme la pluie commence à tomber, nous nous installons à une terrasse pour partager nos histoires. Ils en ont bien plus que nous à raconter bien sûr!!! Armelle et Gérald ont 33 ans, ont le goût des rencontres et de l’aventure et nous sommes enchantés de les avoir rencontrés. Nous allons faire le même parcours ces jours prochains, nous allons les croiser sur la route, c’est sûr.

La nuit tombant, nous nous séparons, chacun pour la mission quotidienne des voyageurs, trouver un coin pour pioncer!

Notre repas ce soir est composés de petites pommes de terres insolites pour nous, toutes colorées, et comme le kloug, il y a comme une couche différente à l’intérieur! il y a 4 mm de couche rose, le milieu est blanc translucide un peu comme les radis. Intéressant!

10 Avril 09: Nous abandonnons l’idée du rio Colorado bien que le temps s’y prête aujourd’hui, mais nous préférons en profiter justement pour rayonner dans la quebrada de Las Conchas, des gorges creusées par les rivières et par l’érosion créant un paysage extraordinaire. Nous entrons rapidement dans le vif du sujet juste à la sortie de Cafayate, des pistes sur notre droite mènent à un rio large et asséché (peut-être seulement en ce moment) et nous apercevons au loin des canyons rougeoyants. Nous empruntons une piste de quelques km et débouchons en aplomb d’une première quebrada. Personne à l’horizon, cela nous étonne aux vues des innombrables excursions proposées pour ces visites en ville. Tant mieux, nous ne demandons que ça, profiter de ces panoramas en solitaire c’est bien plus impressionnant! Nous sommes sans voix face à ce spectacle, les couleurs sont si naturellement saturées que j’ai peur qu’on pense que mes photos sont trafiquées, mais que nenni!

Nous dévalons la colline pour se retrouver en plein dans la rivière sèche, nous passons dans des petits canyons creusés par les flots lorsque l’eau coule en saison, la terre rouge nous barbouille les chaussures et le ciel est si bleu que le contraste des couleurs est d’autant plus saisissant.

Le sol craquelé est chocolaté, alors comme c’est Pâques, nous en mangeons! Mais ce chocolat use les dents alors n’abusons pas.

Nous randonnons 3 heures, tous seuls dans ce décor magique aux odeurs de jasmin car il pousse ici en sauvage, avec des plantes épiphytes qu’on appelle les filles de l’air chez nous car elles se nourrissent de l’humidité de l’air, quoi qu’ici, elles sont bien les seules à sentir l’humidité.

Nous repartons avec le camion pour voir d’autres quebradas, nous sommes surpris à chaque arrêt, tant les couleurs, les formes et les textures sont différentes, elles sont toutes nommées et indiquées sur le bord de la route, mais nous sommes toujours seuls, à croire que ce n’est pas l’heure des excursions. L’appareil photo chauffe et je ne sais plus lesquelles vous présenter sur cette page, difficile de choisir.

Comme prévu, nous doublons nos cyclistes courageux, ils sont trop beaux sur leurs montures! Nous les admirons. Leur blog en lien :www.asieendanseuse.com

Une Gorge appelée l’Anfitéatro permet une acoustique géniale, et quelques musiciens sont là pour nous le prouver, c’est très agréable de les écouter un moment dans ce cadre magnifique. Quelques artisans présentent leurs céramiques, ou leurs bijoux, et le Thillou craque pour des ocarinas car le vendeur a la sagesse d’en jouer et le son nous arrive aux oreilles comme venant tout droit du paradis. Il va falloir nous entraîner beaucoup pour que notre musique ressemble de loin à celle de ce monsieur. Nous repartons en jouant de l’ocarina dans le camion, et le paysage ne cesse de nous en mettre plein les yeux. Cela sur 70 km de tortillons, tout en longeant un rio chocolaté aux berges verdoyantes. Quelques maisons de terre sur la route nous donnent presque envie d’en avoir une à nous dans les parages.

Les piments rouges cultivés ici sèchent au sol, quelques biquettes prennent leur temps sur la route, et quelques restos en proposent en asado of course!

Allez, encore un petit bout de choc.

Nous cherchons à nous approcher du lac Cabra Corral, à Coronel Moldes, un petit village à la sortie des montagnes, mais les accès sont difficiles à trouver, lorsqu’on en trouve un, il est submergé de gens qui sont là pour le week-end de Pâques, comme nous souhaitons nous endormir à une heure convenable pour nous, nous cherchons la solitude, mais le bord de ce lac n’est accessible que par des chemins privés, et de belles maisons fleurissent tout autour, impossible de s’en approcher. Tant pis, après avoir tournés une bonne heure dans les pistes, nous trouvons un coin au milieu de champs de maïs.

11 Avril 09: Après une bonne nuit, je m'aperçois que notre petit appareil photo ne se trouve plus dans le camion, moment d’angoisse, je crois bien l’avoir laissé dans un canyon, lors d’une manip avec l’autre appareil photo je l’ai laissé par terre, et je l’ai oublié...Doudou pas content du tout! On se refait la route dans l’autre sens, 200 km aller-retour, mais il était toujours à l’endroit où je l’avais laissé. Heureusement! Ces paysages permettent un regard différent lorsque nous prenons la route dans l’autre sens, de plus, à lumière du matin les couleurs changent et le spectacle nous a fait oublier ce petit incident. Une chance que les visiteurs n’aillent pas si loin dans les gorges!

La journée à été longue à rouler autant, et nous arrivons au camping de Salta en fin d’après-midi (et oui, nous n’allons pas très vite!) fourbus et content d’y être, ça a l’air calme, nous allons pouvoir nous reposer, surtout Thille qui en avait assez de conduire. Il y a trois autres équipages français ici et nous allons les saluer. Petit apéritif et blablabla...Ils sont bien sympa et ont des enfants avec eux qui étudient via le CNED.