1er Juin: Peu de kilomètres séparent Bahia Inglesa de Caldera, donc aujourd’hui, peu de route. La petite ville de pêcheurs nous enchante. Les bateaux sont tous rentrés de la pêche, les marins se lavent sur les tas de filets, les pélicans observent la scène et attendent un petit reste de poisson.
Nous les voyons de si près pour la première fois. Cet oiseau, majestueux malgré son bec disproportionné, est gracieux, fier et plane au dessus des bateaux.
Enfin, gracieux, sauf lorsqu’ils se grattent à la façon des chiens! cela nous amuse beaucoup, ils doivent être plein de bêtes qui les démangent. Les pélicans ne sont pas les seuls habitants de ce port, deux lions de mer glissent dans l’eau en recherche de nourriture, remontent à la surface, et cohabitent tranquillement avec les pêcheurs.
Personne n’y fait attention, sur la côte Pacifique, c’est courant d’avoir des animaux pareils dans les ports, mais pour nous évidemment c’est atypique.
Caldera est une ville coloniale, aux accents Britanniques, d’ailleurs, le nom des rues ont des consonances plutôt anglaises, ainsi que les noms sur les anciennes tombes du premier cimetière laïque du Chili.
Toutes les maisons sont en bois, et chacun la peint comme il l’entend, ce qui rend la ville gaie et animée.
Nous flânons agréablement et observons la vie des Chiliens dans cet environnement offrant certainement une bonne qualité de vie.
Nous allons voir les stands des pêcheurs, nous souhaiterions assouvir nos fantasmes de repas à base de poissons, et c’est l’endroit idéal. Les pêcheurs proposent plusieurs sortes de coquillages en petits pots, déjà dépiauté, dont d’énormes langues d’oursins, épaisses et charnues, comme des gros orteils. Nous achetons un pot de coquillages à chair rouge dont nous n’avons pas compris le nom, un pot de chair d’oursin, et un pot de poisson cru préparé au citron et persil.
Nous allons nous poser sur la grande plage déserte au Nord de la ville et assistons à des scènes de pêche de petites loutres agiles et toujours en mouvement. Au loin, sur un rocher, une bête énorme bouge par moment, nous pensons que c’est un éléphant de mer par sa taille, mais nous ne voyons pas de détails en contre jour du soleil couchant.
Pas besoin de faire la cuisine ce soir, on ouvre les pots, on se tartine du pain frais et on débouche une bonne bouteille de vin chilien.
La dégustation ne se passe pas comme je l’entendais: les coquillages rouges sont... comment dire... à mon sens immangeables, à peine en bouche, j’ai failli faire un dépôt de bilan. Thille en mange mais sans se régaler vraiment, d’ailleurs il ne fini pas le pot. Il avait pourtant goûté sur le stand du pêcheur, et cela lui avait plu. C’était peut-être plus frais! Les mouettes apprécient, elles.
Concernant les oursins, pas convaincue non plus, très iodés, plus que les nôtre en France que j’adore, on en a plein la bouche, c’est peut-être aussi ce qui m’a déplu. Le Doudou, quant à lui, se régale et pense déjà à en racheter demain. Le poisson préparé me plaît, et cela me suffira pour ce soir.
2 Juin: Nous nous réveillons tôt en ce moment car nous avons reculé d’une heure avec notre entrée au Chili, alors on s’est dit chouette, on va aller voir l’arrivée des pêcheurs, et acheter du thon. Manque de bol, le port est désert, nous papotons un peu avec un papi qui «vend» des douches aux marins, puis nous allons voir le seul stand d’ouvert. Les marins arrivent beaucoup plus tard dans la matinée nous dit-‘il.
Nous rachetons de la chair d’oursin et de l’albacore pour un bon poisson cru ce soir, plus un sashimi si on trouve les ingrédients pour. Il y a un restaurant chinois et pars demander s’ ils nous vendrait un peu de sauce huître. La fille de type asiatique à l’entrée me regarde comme si je lui parlais chinois! Bon, apparemment elle ne connaît pas cette sauce. On fera sans car au super marché nous trouvons de la sauce soja et même du gingembre et du lait de coco. Parfait!
Nous partons au parc national Pan de Azucar, selon d’autres voyageurs et notre guide il y a là une importante faune maritime, pingouins, otaries, oiseaux... c’est prometteur.
En chemin, nous faisons étape dans une belle crique aux eaux claires pour y passer la nuit. Nous découvrons une espèce d’ophiure à moult branches, c’est même très difficile de la décoller de son rocher pour voir sous sa jupe! On la replace dans l’eau où elle s’étale de ses mille pattes.
3 Juin: Les plages sont immenses et très belles, il y a de bons breaks pour les surfeurs, et les maisons de vacances des Chiliens font envie.
Nous passons devant une réserve déclarée sanctuaire de la nature, il y a là des granites particuliers, érodés par la pluie et le vent créant des formes faisant travailler l’imagination. Nous ne trouvons pas les granites orbiculaires qui ont la particularité d’avoir des petites incrustations rondes d’une autre sorte de pierre que l’on ne trouve qu’à deux endroits dans le monde, la Finlande et ici. Nous roulons malheureusement parmi des détritus abandonnés par des humains peu scrupuleux, qui ne se contentent pas de jeter leurs poubelles, mais taguent aussi les rochers de prénoms ou de slogans politiques. Un sanctuaire bien abîmé.
PARC NATIONAL PAN DE AZUCAR
Il se trouve au niveau de la petite ville de Chanaral, une ville un peu tristounette et délabrée.
Nous passons l’entrée sans n’y voir personne, alors c’est gratuit pour nous. Nous sommes hors saison et le parc est désert, les paillotes avec barbecues sont toutes libres, nous n’avons que l’embarras du choix. La brume, cette fameuse camanchaca qui nous pèse tous les matins jusqu’aux environs de midi, se lève enfin et laisse apercevoir le joli pain de sucre pointu, mais aucun signe de vie aux alentours. Il y a même moins d’oiseaux que sur la plage de Caldera. Pas une loutre, pas une otarie... nada! On observe un moment avec les jumelles, au cas où, puis nous décidons de quitter cette belle plage afin de voir ailleurs si on y est.
Nous n’avons pas de plan du parc, et nous éloignons des plages en pensant trouver des rochers habités, mais en fait, la piste conduit à l’intérieur des terres, puis à un mirador d’où la vue est aussi surprenante que l’arrivée de 5 petits renards faisant la quête. Ils aboient comme des chiens et ne sont pas farouches du tout. Nous craquons et leur donnons des crackers même si nous savons que ce n’est pas bien. De toute façon, le mal est fait, d’autres les ont habitués à cela avant nous. Ils viennent donc nous manger dans la main.
Nous apprécions la vue, l’océan se confond avec le ciel, nous ne distinguons plus la limite.
Nous essayons de rejoindre l’océan en empruntant une piste allant vers l’Ouest, une piste bossue, jolie, où les cactus poussent en pagaille, ce qui rompt un peu la monotonie du désert. Mais à l’arrivée, c’est un océan de nuage qui nous attend, nous sommes montés en altitude et sommes au dessus de cette camanchaca, nous devinons à peine les vagues qui s’écrasent dans un fracas que l’on entend de là-haut.
C’est le repaire des nuages ici, il y a une petite maison fermée alimentée en eau par un système ingénieux, les attrapeurs de nuages. De grandes toiles tissées sont tendues à la verticale sous lesquelles sont installées des goulottes reliées à un tuyau menant à une cuve. La condensation est retenue dans les fibres de la toile. Un écriteau demande de ne pas rester ici après 19h, ou de ne pas venir ici après 17h, c’est que les nuages doivent monter, épaissir, et rendre la visibilité nulle.
L’air doit être humide mais paraît sec, les cactus sont tous recouvert d’une sorte de lichen duveteux, mais friable au toucher, cela leur donne un air de décoration pour Halloween!
Nous ne retrouvons donc pas la côte par les pistes, le parc se termine par un désert couleur cacao, amère en l’ occurrence en ce qui nous concerne, déconcertés par le peu d’accès aux rivages, et surtout par le manque de vie marine. Pas grave, les renards nous ont amusés et cela compense un peu. Nous aurons bien le temps de voir d’autres animaux ailleurs.