Retour en Argentine

16 Février: Le passage de frontière se fait sans difficulté aucune, une petite fouille du camion par un douanier aux chaussures crottées mais aucun problème. Nous sommes comme soulagés, libérés d’un poids en passant la frontière, nous savons qu’à partir de maintenant nous allons rouler sur de l’asphalte et aller un peu plus vite. Les vacances du chauffeur quoi!  Mettre 4 heures pour faire 100 km dans des montagnes vertigineuses nous fatiguait le moral.

A Abra Pampa, nous longeons la colonne vertébrale du diaâââble!!!

La route et notre pinz nous mènent rapidement, oui, rapidement, (tout est relatif) jusqu’à Tilcara et sa palette du peintre. Des montagnes bariolées aux ocres vifs. Nous avions adoré cette région, c’est un réel plaisir d’y passer à nouveau, même en coup de vent car en ce moment, ce que nous avons en tête est notre retour en France et nous voulons y être début Mars, alors c’est un peu la course puisque nous voulons aussi nous arrêter à Salta au camping pour faire l’entretien du camion (changer les amortisseurs et autres bricoles) puis passer à Ceres retrouver nos premiers amis Argentins qui nous avaient si chaleureusement accueillis chez eux la première semaine de notre voyage. Nous sommes toujours en contact et on se fait tous une joie de se revoir bientôt.

YOUPIE!!!!

17 Février: Nous arrivons à Salta et avons la bonne surprise de voir que la piscine, ou devrais-je dire la lagune est en plein remplissage. Nous en profitons peu malgré la chaleur et le chant des cigales, (moins présentes que chez nous dans le midi, mais là néanmoins) car l’heure est à l’entretien du camion. Il nous faut trouver 6 amortisseurs neufs, alors c’est la chasse aux repuestos, mais on fini par en trouver pour Chevrolet qui s’adaptent bien.

S’en suivent plusieurs jours de bricolage avec une baignade de temps en temps.

Nous attendons Gwen et Ludo que nous avons quittés à Uyuni, ils voulaient faire le sud Lipez avec leur moto. Ils ne donnent pas de nouvelles ces coquins alors on s’inquiète un peu car seuls à moto avec un embrayage un peu fatigué et un amortisseur qui fuit sur les pistes du Lipez, ce n’est pas rassurant.

Mais voilà qu’ils arrivent, crevés, l’amortisseur mort et le sourire aux lèvres d’avoir fait un si beau voyage dans le Sud de la Bolivie.

Nous sommes heureux de les voir sain et sauf, la moto les a amené à bon port.

Le problème est qu’à Salta, il n’y a pas d’amortisseur pour DR 650, nulle part, et sans ça, ils sont bloqués ici sans trop savoir comment faire pour s’en procurer un connaissant les prix de livraison et les taxes d’importation...

Alors on trempe en réfléchissant.

Ludo à une idée, il envoie un mail à l’émission de radio «allô la planète» sur France Inter. C’est une émission interactive qui laisse la parole aux voyageurs du monde, et dans laquelle on peut lancer un S.O.S. Ludo à une réponse le lendemain même et doit trouver une connexion wifi afin de lancer son appel à l’heure d’écoute. Nous allons donc en ville boire un coup dans un café wifi tout en en profitant pour fêter l’anniversaire de Gwen.

En attendant qu’ «allô la planète» appelle Ludo au téléphone dans le café, nous nous tapons des caïpirhinas.

Le serveur appelle Ludo au téléphone et nous voilà tous les trois à l’écouter parler en direct à la radio sur l’ordinateur lançant son appel à tous les voyageurs auditeurs qui seraient susceptibles de trouver un amortisseur et passeraient dans le coin....

Ensuite, on va au resto pour fêter l’anniversaire de Gwenaëlle, et devinez ce qu’on mange...

27 Février: Après ces quelques jours agréables mais pluvieux, ce qui nous a bien fait rager, nous nous séparons à nouveau de nos amis, en espérant bien une nouvelle rencontre, en Argentine, en Guyane ou en France.

Direction Ceres, province de Santa Fé. Nous avions promit à la famille de Luis, le cuisinier de la frégate de l’école navale Argentine de repasser chez eux avant notre retour en France, mais la route est encore longue. Pas de problème, on roule à 82 km/h, à fond les ballons.

Au bout de 250 km, on trouve que le moteur fait un drôle de bruit, alors on continue jusqu’à la prochaine station service, Thille démonte le capot et là c’est la cata. L’écrou spécial qui tient à la fois l’hélice de ventilation et la courroie s’est suicidé. Il a sauté par dessus bord, et le moteur n’était donc plus refroidi. Il fait 30°, on tourne on vire sans savoir quoi faire car nous sommes sur une grande nationale mais loin de tout. Ceres est à 400 km, San Antonio à 100.

Notre téléphone ne passant pas, la serveuse du resto de la station me prête son turlu pour passer des appels et me le laisse pour en recevoir. La générosité Argentine fait une fois de plus ses preuves. Mais c’est sans parler de Juan Carlos, un chauffeur routier qui s’intéresse à notre problème et commence à déboulonner son camion pour nous dégoter un écrou. On est obligé de l’arrêter car on ne veut surtout pas qu’il soit ennuyé après. Son désarrois de ne pas pouvoir nous aider est total, il cherche dans toutes ses boites à outils et en trouve un qui convient pour tenir l’hélice, c’est déjà ça, mais il en faut un très gros pour tenir la coupelle de la courroie, et là, il n’a rien sous la main.

Entre temps nos amis de Ceres ont téléphoné aux dépanneurs de San Antonio, mais le tarif est prohibitif, 1000 euros pour nous transporter, pensez bien qu’on a sauté au plafond. Juan Carlos nous propose alors de nous tirer jusqu’à San Antonio del Estrero, une petite ville qui possède quelques magasins de pièces détachées.

Et c’est parti pour 100 bornes au bout d’une barre de remorquage à 1,50m du cul du camion.

La conduite est stressante, c’est comme un jeu électronique en game B car Juan roule vite!

Nous avons du bol, c’est Samedi, les magasins sont ouverts, et Juan Carlos nous traîne derrière son camion dans toute la ville mais la réponse est toujours négative lorsqu’on montre le genre d’écrou qu’il nous faut. Il est 20h30, la dernière solution est d’aller voir un tourneur. Encore une fois nous avons de la chance, nous en trouvons un qui veuille bien nous en fabriquer un. 22h30, c’est chose faite. Nous voulons remercier Juan Carlos qui a perdu de son temps sur son programme de livraison avec tout ça, il ne veut pas de dédommagement pour l’essence, mais accepte un bon restaurant, et devinez quoi qu’on mange, hein? Dans le mille, une bonne parrilla! (ou plutôt parricha comme ça se prononce en Argentine.)

Minuit sonne, il nous accompagne dans une station avec douche sur la route 34 que l’on doit prendre demain. Il ne reste pas pour la nuit et veut rattraper un peu de temps en roulant encore. Cela nous désole, mais lui est heureux d’avoir aidé deux étrangers venus visiter son pays.

Nous sommes émus de cette rencontre, encore un homme au coeur plein d’amour pour son prochain, et c’est grâce à cet écrou suicidaire que nous avons un nouvel ami, nous garderons le contact et irons le voir dans sa région à Cordoba lorsque nous passerons dans le coin.

28 Février: Après une nuit bien bercés aux bruits des moteurs de camions, nous arrivons à Ceres et Ana nous accueille à chaudes larmes, alors on fond... Toute la famille sort de leurs maisons respectives et c’est embrassades à l’Italienne.

A peine les portes du camion ouvertes, les chiquitos se ruent à l’intérieur, rien n’a changé en un an, à part leur taille.

1er Mars: Les festivités commencent, c’est ripaille, et Walter nous prépare des pâtes fraîches.

Thille fait quelques 8 coupes de cheveux et donne sa première leçon de coiffure à Géraldine qui commence son apprentissage demain, on fait le tour du village, on salue tous les voisins, on retourne au kiosco dans lequel on achetait les bières et Oh comme c’est bizarre, ils se souviennent très bien de nous et sont heureux de nous revoir! On ne se demande pas pourquoi!

2 Mars: Après un (encore) gros repas du soir chez Walter, en rentrant à 2h du matin un chaton abandonné minuscule surgit des herbes en miaulant de détresse, il me suit, alors je le prend avec moi, il est tout sale, plein de terre collée, l’oeil infecté, la peau sur les os et grouillant de puces. Alors vous me connaissez, je ne résiste pas à l’emporter avec nous dans le camion pour un bain. On lui donne du lait et se jette dessus affamé.

3 Mars: Ce matin, avec les enfants, c’est séance épouillage et soins. Maintenant ça va être dur de partir en France sans lui. Il ne me quitte plus et reste dans mon tee-shirt toute la journée à dormir.

Ce chat n’a pas l’air sevré tant il est petit, mais il ne veut plus de lait et se jette sur la bidoche et mort les doigts, et grogne si on l’approche en train de manger son bifteck, un vrai chat Argentin!

Ici les animaux abandonnés qui crèvent dans les rues ne choquent personne car aucun animal n’est stérilisé, et des comme lui ils en voit très souvent et les laissent à leur sort. Mais nous, on n’a pas l’habitude de cela et on craque. Papa, t’as failli te retrouver avec un chat de plus!

La famille Suarez avait tellement aimé la carbonara de Thille l’an dernier qu’ils nous en réclament une pour ce soir, alors c’est avec plaisir que le chef se met au boulot.

4 Mars: Aujourd’hui nous partons pour Buenos Aires, on quitte avec peine la famille Argentine qui nous disent que notre deuxième maison est ici, alors merci à tous encore pour votre amitié. Je laisse les consignes à Chuchu et Dalma, les deux petites pour qu’elles s’occupent bien de mon chaton, qu’elles le laissent dormir beaucoup et qu’elles lui mettent bien les gouttes dans ses yeux. Je ne peux pas le ramener car la douane risque de me le prendre, mais c’était limite, t’as eu chaud, hein papounet!

Et comme dit Walter, le kiosco peut mettre la clé sous la porte maintenant qu’on est plus là pour acheter des bières!