20 Septembre: Nous entrons dans cette ville fondée par les Gallois en 1880, dont seules quelques maisons de briques l’attestent, pour y faire le plein de provisions car nous n’avons qu’une idée en tête, aller à la plage pour voir les cétacés dans leurs activités. En effet, Puerto Madryn, sa péninsule Valdès et ses plages sont les hauts lieux de l’observation de la baleine franche australe, des otaries, des éléphants de mer, des orques.
La baleine franche s’approche des côtes avec son petit avant de migrer complètement vers l’Antarctique pour bénéficier des eaux calmes du golf.
A peine arrivés sur la plage de las Canteras, nous sommes agréablement surpris, éberlués serait plus approprié, de voir passer nonchalamment plusieurs baleines si près de la côte que notre ombre pourrait les toucher. Lorsque d’autres voyageurs nous soutenaient que les baleines étaient à 10 mètres d’eux, on avait quand même un peu de peine à le croire et pensions que c’était tout à fait humain d’imaginer qu’une petite exagération pouvait enrichir et donner de l’intérêt à un récit de voyage. 30 mètres serait plus réaliste pensions nous... mais nous avions tord, car 10 mètres c’est encore trop loin, nous les voyons à moins que ça, et c’est vrai de vrai. «Retenez moi ou je saute à l’eau!!!» En fait pas besoin de me retenir, l’eau est vraiment trop, trop froide... j’ai juste pu sauter du camion en marche.
Le dénivelé rapide leur permet de s’approcher de la plage, dans quel but? On ne sait pas, pour se gratouiller le ventre contre les cailloux, pour observer les humains les observant, pour apprendre à nager aux baleineaux dans le petit bassin... En tous cas, cela nous enchante, nous transporte, nous charme. Et voilà que l’appareil photo travaille dur dur, une frénésie d’images nous prend et nous remplissons bandes et cartes mémoires à une vitesse folle et devons nous calmer, elles seront encore là demain...
toutes sont accompagnées de baleineaux qui s’évertuent à imiter les gestes de leurs mères, elles lèvent le nez, ils lèvent le nez, elles lèvent la queue, ils lèvent la queue, elles font la planche, ils essayent de faire la planche mais roulent sur eux même la plupart du temps, ils ne maîtrisent encore pas leur ballastes!
Assez démonstratives, elles nous montrent toutes les facettes de leur anatomie, par morceaux, un coup la queue, un coup le ventre, un coup la tête. C’est très difficile de décrire ce que nous ressentons, cet endroit doit être unique au monde. Mais ce qui nous met au sommet de notre joie est de pouvoir vivre au rythme de ces baleines, de les entendre souffler et grogner du matin jusqu’à ce que nous nous endormions.
21 Septembre: Le matin tôt est un moment de paix, le vent ne souffle pas, la mer est calme, les baleines sont en nombre puisque la marée est haute, la plage est un sanctuaire et un lieu de contemplation du soleil levant et des cétacés placides, dont les bulles éclosent à la surface, où les souffles jaillissent à 4 mètres au dessus de la mer et les nageoires claquent, seuls sons audibles puisque nous sommes seuls.
Aujourd’hui nous faisons la connaissance d’un jeune couple, Lise et Hervé, des amoureux de la nature à un tel point que Puerto Madryn est devenu leur QG. Ils y viennent 4 mois par an afin d’y observer la faune des environs de la péninsule. Péninsule qui est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, mais qui reste un endroit cher d’entrée aux étrangers pour ne pas y voir plus qu’en restant à la plage de Las Canteras, à 20 km de Madryn. D’autre part, selon Lise et Hervé qui connaissent maintenant bien la région, les sites d’observation des éléphants de mer et des otaries sont clôturés, balisés, et il faut faire énormément de piste pour aller d’un coin à l’autre, sans y avoir l’autorisation d’y passer la nuit. Tout ceci penche dans la balance en faveur des sites naturels libres et gratuits, qui nous laissent l’opportunité d’approcher les animaux, toujours en les respectant bien sûr. Evidemment tout ce balisage et les contrôles des gardiens de la péninsule sont nécessaires pour éviter que les masses touristiques ne viennent perturber les colonies, les animaux risqueraient de vouloir s’installer ailleurs et la réserve n’aurait plus raison d’être. Puerto Madryn non plus puisque elle tire ses ressources du tourisme.
Peu de temps après arrive la famille Paillot avec un camping car, nous nous retrouvons donc à 3 véhicules français sur la plage à avoir le privilège d’être auprès des baleines jour et nuit.
Jusqu’au 27 Septembre: Nous profitons pleinement de tous ces instants sans jamais nous lasser, chaque jour est différent, chaque baleine est différente, il nous arrive même un jour de voir un baleineau albinos qui danse avec sa mère.
Nous assistons également à leur repas, gueule grande ouverte pouvant filtrer 300 kilos de krill en une heure, c’est vrai qu’il en faut pour nourrir les 50 tonnes de muscles et de graisse. Les baleineaux quant à eux mesurent déjà 5,5 mètres à la naissance, pour 16 mètres à l’âge adulte.
Malgré leur taille et leur poids, celles-ci arrivent à nous prouver que la grâce n’est pas une question de physique. C’est vrai qu’à y regarder de plus près avec leur tête disproportionnée, leur corps de sous marin, leurs callosités et leur aspect préhistorique, elles nous charment quand même. Le spectacle est à son comble lorsqu’elles nous montrent à quel point elles sont puissantes en propulsant leur corps hors de l’eau puis se laissant retomber sur le dos, créant une gerbe magnifique en un coup de tonnerre.
Difficile de décrire l’intensité de cette semaine passée en compagnie des baleines franches australes, les photos parlent d’elles même en espérant avoir réussit à vous transmettre un peu de notre bonheur, une partie du voyage que nous ne risquons pas d’oublier, certainement une des meilleures partie de notre errance Sud Américaine.
Nous quittons l’endroit avec optimisme quant à la population des baleines, leur nombre ici est en augmentation, les comptes ont été fait, il y a plus de 800 baleines et 700 baleineaux cette année, soit un peu plus que les années précédentes. Alors voici pour conclure une photo d’un baleineau et son oeil grand ouvert sur un avenir rassurant, en tout cas, dans cette partie du globe.