Punta Tombo, manchots à gogo!

18 Octobre: Après le tumulte de la ville de Trelew, nous décidons de prendre la route en soirée pour ne pas passer la nuit sur le boulevard. Punta Tombo est à 115 km de la ville, et nous arrivons de nuit.

L’endroit est paisible, les Marcadier sont là, et nous aurons toute la journée de demain pour aller fourrer notre nez dans la vie des manchots de Magellan.

Cet endroit est une aire naturelle protégée depuis 1972, elle est d’un grand intérêt puisque l’observation des animaux est aisée, l’accès au site est facile et c’est une des plus grande «pinguinera» du monde.

A notre arrivée, nous entendons des bruits étranges, des sons de trompettes nasillardes et progressives, comme si leurs auteurs devaient prendre de l’élan pour sortir le bon cri. Cela nous fait penser aux sons des langues de belle mère, cotillons du nouvel an. C’est surprenant et très drôle, alors je décide malgré la réticence de Thille de dormir dans la tente de toit pour profiter de tous ces sons inattendus et amusants,

C’est la période de ponte. Les mâles reviennent en Septembre, récupèrent le nid de l’année précédente et attendent les femelles.

Deux oeufs sont pondus et incubent pendant 40 jours. C’est donc en Novembre que les premiers petits manchots naissent.

Ils creusent leurs nids jusqu’à parfois un kilomètre de la côte. Ceux-ci paraissent maladroits dans leur gestuelle mais sont de bons marcheurs. Ils font la navette entre le rivage et le nid plusieurs fois par jour, et lorsqu’ils pêchent, ils peuvent faire 600 bornes pour trouver assez de nourriture. Ils ne manquent vraiment pas de courage.

Cela nous amuse beaucoup de les voir emprunter les sentiers, les traverser sans se préoccuper de nous du tout, ils passent parfois à 30 cm de nos jambes sans même lever le bec, ou alors juste un petit coup sur le pantalon.

puisque le vent n’est pas très fort. A peine installée la chambre à coucher, le vent se met à souffler en rafales comme pour nous narguer.

Les manchots ne s’arrêtent pas et trompétisent de plus belle à mesure que le petit jour se pointe.

Bref, une mauvaise idée, on a à peine fermé l’oeil.

19 Octobre: Il est 8 h, le temps est beau, nous sommes seuls pour arpenter les sentiers très bien faits de la réserve afin de protéger les nids creusés dans le substrat compacté.

Bien souvent les goélands font des oeufs leur repas, c’est pourquoi le couple se relaie pour aller à la pêche.

D’autres espèces profitent aussi de la protection de la réserve, comme le guanaco, le dernier camélidé qu’il nous restait à voir. Nous croisons son chemin depuis notre entrée en Patagonie, mais nous ne pouvions que leur photographier les fesses tellement ils sont farouches. La copie presque conforme de la vigogne avec une tête foncée, et qui a une nette préférence pour le niveau de la mer, un peu comme mon chauffeur quoi. Mais ici, l’humain ne fait peur à personne et aucune espèce ne s'effarouche au bruit de nos pas. Pas même les Cuis, ces petits rongeurs qui, bébés, nous font penser à nos hamster en animalerie.

Tout à coup, notre tranquillité se trouve agressée par des hordes de touristes, Français pour la plupart, venus dans un ballet de bus. Les enfants en comptent 11, mais d’autres arrivent, les foules se tassent dans les sentiers, marchent vite car leur temps est limité, et surtout font trop de bruits humains. Mais bon, ce n’est pas une critique car tout le monde n’a pas la chance que nous avons de pouvoir faire les choses à un bon rythme. Donc nous sortons de la réserve vers 11H30 et attendons que le plus gros passe.

Les Français qui reviennent nous interrogent lorsqu’ils nous voient près de notre camion, nous discutons un peu et apprenons que leur programme est: Puerto Madryn-Ushuaïa en 2 jours. Les baleines le matin, les manchots l’après-midi, et bus jusqu’en Terre de Feu pour une arrivée le lendemain. Un rythme impressionnant qui donne le tournis.

En fin de journée nous refaisons une promenade dans la réserve. Les manchots reviennent de la plage, et recommencent leurs sons de trompette qu’ils avaient suspendus aux heures les plus chaudes de la journée.

Ils regagnent leurs trous et leur compagnon de vie avec leurs petites pattes et laissent des milliers d’empreintes que la lumière rasante de la fin de journée dévoile.

Encore une belle journée bien remplie qui s’achève autour d’un repas dans le camping car des Marcadier, après avoir fait les 22 bornes de piste jusqu’à la route pour avoir été délogés du parking par un garde qui ne souhaite pas que ce lieu devienne un camping. On peut comprendre que les gardes ne veuillent pas avoir tous les soirs des camping cars par peur de débordement. Mais Fred n’a pas pu négocier le fait qu’ils aient 3 enfants et trouver un endroit pour dormir à la nuit tombée n’est pas chose aisée. Cela n’a pas touché le gardien qui était décidé à nous voir partir avant le repas.

20 Octobre: Nous avons subit une attaque de pachydermes en colère cette nuit. Le camion a tellement été secoué par le vent qu’on avait l’impression que 4 éléphants se grattaient les fesses contre la cloison. On pense qu’il est temps de changer de région car nous ne supportons plus de ne pas pouvoir ouvrir les portes du camion sans que des tornades fassent entrer des kilos de poussière à l’intérieur, de ne jamais pouvoir manger dehors, et d’entendre siffler ce vent constamment. ça fatigue les nerfs.

En plus, un pneu est à plat. ça faisait longtemps!

Une fois la chambre à air réparée nous faisons des bisous à la famille Marcadier, Nath, Fred, Enzo, Mathis et Evan en espérant croiser leur route plus tard dans la région des lacs.

A 50 km de Trelew, la réparation ne tient pas, le pneu se retrouve à plat sur la route 3.

Un super endroit pour changer un pneu avec les camions énormes qui nous taillent des shorts à chaque passage.

On va à la gomeria faire réparer et on en profite pour retourner voir Maurice le mécanicien et Sylvia pour les remercier encore de leur grande gentillesse et disponibilité.

Cette fois-ci, c’est la dernière nuit à Trelew, adios la poussière et le mistral!