Nous arrivons en fin d’après-midi à l’estancia et rencontrons Hugh, le chef du personnel. Il nous demande d’abord si nous ne sommes pas des journalistes car ici nous sommes chez Benetton et ils ont déjà eu affaire à de faux touristes afin d’infiltrer la propriété et de faire des articles sans leur consentement. Nous ne savions pas que nous serions reçus dans une des plus grande Estancia de la région et nous en sommes très heureux.
Après lui avoir expliqué notre voyage et fait part de notre curiosité, il nous laisse faire autant de photos de de film que nous voulons.
La tonte a commencé aujourd’hui, plusieurs hommes sont recrutés pour l’occasion puisque c’est un travail saisonnier.
Cette estancia, si je ne me trompe pas, possède 128 000 hectares de pâtures et steppe à moutons, des mérinos d’Australie, pour leur laine de haute qualité. Il y en a 20 000 rien que pour cette estancia.
Hugh et ses allures de Robert Redford nous explique tout ce qui se passe ici avec beaucoup de patience et de gentillesse.
Un mérinos produit par an 2,5 kilo de bonne laine, et ce pendant environ 5 ans après quoi la qualité baisse. (on a pas osé demander ce qui leur arrivait après, mais on en a une petite idée...)
Les moutons attendent leur tour sans trop savoir ce qui va leur arriver, ceux là ont un an et c’est leur première tonte. Ils sont si calmes qu’ils paraissent pétrifiés de peur. D’ailleurs ils n’en ressortent pas indemne, la plupart sont quand même un peu écorchés. Et ils ont moins fière allure tous nus mais aux bonds qu’ils font pour sortir du clos, ils ont l’air heureux d’en avoir fini avec la tondeuse!!
La laine est triée puis fourrée dans de grands sacs, tassés par une presse à eau, pesés et numérotés aux pochoirs.
Les sacs pèsent environs 300 kg, ça fait un paquet de moutons, on vous laisse faire le calcul, juste pour voir si vous avez suivi!
L’activité qui règne ici va s’étendre sur une vingtaine de jours, et puisqu’il y a 20000 moutons, cela fait 1000 moutons par jour tondus!
Hugh nous demande si cela nous intéresse d’assister à la sortie du champ de 5000 moutons quelques kilomètres plus loin demain matin. Vous devinez la réponse! Por supuesto comme on dit ici.
29 Octobre: Pour assister à cela, il faut se lever tôt! Nous avons dormi sous le pont où doit se dérouler la sortie du clos pour pouvoir se lever le plus tard possible, soit à 6H30, ça fait un bail que ce n’était pas arrivé, enfin, pas depuis les baleines.
Les gauchos arrivent, sellent leurs chevaux et rassemblent le troupeau.
La tâche n’a pas l’air difficile, cela se passe assez vite, les 5000 moutons ne font qu’un et se déplacent un peu comme des bans de sardines, tous ensemble en une grosse masse fluide.
Les chiens connaissent également bien le métier et son d’une grande aide lorsqu’une sardine cherche à se désolidariser.
La poussière dégagée par les milliers de pattes foulant le sol peut faire penser de loin à un incendie, et un des gauchos porte même un masque de ski pour s’en protéger.
Le troupeau doit se rendre à la Estancia, il va parcourir une vingtaine de kilomètres, et arriver vers 13 H pour la tonte. Nous saluons les «sheepboys» pour les remercier de nous avoir laissé les photographier, et, très courtois, nous saluent à leur tour en inclinant leur chapeau.
Et maintenant, vous connaissez l’origine de vos pulls Benetton!
Une fois les 20000 pattes hors de vue, et comme la journée ne fait que commencer, nous retournons un peu sur nos pas pour aller au bord du lac d’Epuyen pour y camper.