De Chos Malal à San Juan

17 Mai: Nous arrivons à Chos Malal, une ville sans intérêt, même le camping municipal où nous souhaitons rester pour faire des lessives est le pire des campings que nous connaissons en Argentine. C’est aussi cher qu’ailleurs avec des sanitaires dans un état de délabrement inacceptable.

N’ayant pu obtenir d’eau chaude pendant les deux jours restés ici, les gardiens, très aimables, ne souhaitent pas nous faire payer, et tant mieux car nous pensions demander une ristourne.

19 Mai: Nous quittons le coin pour nous rendre à Malargue, et c’est sous une tempête de vent de tous les diables que nous prenons la route. Enfin... plutôt la piste car la route nationale 40 n’est que très partiellement asphaltée dans cette région. Visibilité quasi nulle, nous devons même parfois nous arrêter pour attendre que passent des petites tornades de poussière traversant le camion et envoyant avec violence des graviers sur les fenêtres et dans la grille d’arrivée d’air du moteur.

C’est très dommage car la route à l’air vraiment belle, toute de scories volcaniques vêtue traversée de rios limpides. Mais aucun bivouac sauvage ne saurait nous combler quand les éléments sont enragés de la sorte.

Nous arrivons à Malargue, les cheveux droits sur la tête, la poussière des ripios Argentins mieux que le gel extra mega tenue studio line.

Il nous faut une douche vite! Camping oblige car on ne sait pas trop où aller dans cette furie, mais pas de bol, les gars de la chaudière ne peuvent pas venir mettre l’eau chaude car ils sont à vélo et ne tiennent pas sur leurs selles. Eh ben... ça sera douche froide.

20 Mai: Le temps n’est pas beaucoup plus calme, mais assez pour que nos cyclistes de la municipalité nous fassent l’honneur de venir nous mettre le gaz en route.

21 Mai: Ouf, plus de vent, plus un bruit, ça repose. Nous partons dans la montagne au Nord de Malargue en direction des Pozos de los animas, «les puits aux esprits», des formations géologiques surprenantes d’ eaux souterraines remontantes formant deux cratères.

Comme il n’y a plus de vent, bien sûr il y a des nuages, nous n’allons donc pas dans la montagne plus haut car il neige déjà sur les cimes.

Nous partons pour San Rafaël où les amis d’Omar et Alicia de Buenos Aires nous attendent.

Nous nous arrêtons devant une cabignole devant le parc municipal pour acheter un sandwich. Le gars qui nous le vend pense que c’est très dangereux de dormir dans le parc (il y a quand même deux postes de police mais bon) et veut absolument que nous dormions dans la cour de sa maison derrière la cabane à sandwiches. Nous acceptons pour ne pas le contrarier, de plus il est très sympathique  et son jambon cru est à tomber. Il nous fait même goûter son vin maison. (comment le décrire...moins bon que le jambon!)

Nous trouvons l’adresse de Nelson et Fanny facilement. C’est comme si nous nous connaissions déjà, un accueil vraiment familial. Du coup, ils nous invitent à les rejoindre ici demain pour manger un asado.

Nous rentrons chez notre nouvel ami Ernesto pour dormir et au passage, nous arrachons avec le coffre de toit son installation électrique. Il se retrouve dans le noir complet et nous dans une désolation totale à ne plus savoir où nous mettre. Thille veut arranger le coup mais il nous dit que ce n’est pas un drame, qu’il va réparer ça facilement. En effet, 10 minutes plus tard, les fils sont réinstallés. Une fois couchés, il vient taper à notre porte. On se dit qu’il va peut-être nous demander des sous pour la réparation alors vite Thille se rhabille ... Mais non, il vient nous offrir du raisin de son jardin! Vraiment, nous sommes sous le charme des habitants de San Rafaël!

22 Mai: Nous passons une journée très agréable au soleil à manger du cochon à la parrilla et à partager des bouts de nos vies respectives avec la famille Ortubia. En fin d’après-midi, Nelson nous fait même faire un tour jusqu’au barrage de Vallée Grande dans sa 405 de 500000 km vrai de vrai!!!

Merci à vous Fanny, Nelson, Milagro et Belen de nous avoir reçu si gentiment.

23 Mai: Nous quittons Ernesto et son jardin non sans lui avoir acheté quelques uns de ses produits régionaux comme de l’huile d’olive et du pinard, du coup, il nous redonne un gros sac de raisin pour la route!

Nous allons en direction de Mendoza mais avant, il y a les thermes de Cacheuta, alors nous faisons une reconnaissance aujourd’hui et décidons d’y aller demain toute la journée.

Une bonne nuit près de la rivière dans un canyon, toujours accompagnés de quelques condors.

24 Mai: Journée ramollissement complet, 6 heures (oui oui, même le Thillou) de trempette à passer d’une piscine à l’autre, une journée ensoleillée et calme, nous sommes à la veille de la fête nationale et nous pensons que demain l’endroit sera pris d’assaut!

4 euros par personne pour profiter de cet endroit fabuleux à 35 km de Mendoza. Et presque seuls en plus!

25 Mai: jour de la fête nationale, fête de l’indépendance, le général San Martin libère l’Argentine du joug Espagnol en 1810. C’est à Mendoza en 1817 qu’il rassembla ses troupes avant de franchir des cols de la Cordillère des Andes pour libérer le Chili et le Pérou.

De ce passé colonial, il ne reste rien. Un terrible séisme en 1861 rase la ville. C’est alors qu’est chargé un urbaniste Français en 1863, Mr Ballofet, d’en refaire les plans. Il situe son centre entre 4 places arborées ornées de fontaines encerclant la grande place centrale, la place de l’indépendance.

C’est vrai que la ville est agréable, elle est calme, la circulation est fluide, mais elle n’a pas le charme des villes qui respirent le passé comme Salta par exemple.

Heureusement que les cicatrices des tremblements de terre sont compensées par les espaces verts qui tiennent une très grande place dans la vie des citadins.

Le parc Général San Martin occupe 354 hectares, pour donner une idée, c’est grand comme presque deux tiers de la taille de Mendoza. Un impressionnant poumon accessible à quelques pâtés de maison du centre ville. Et c’est encore un Français, Mr Charles Thays, paysagiste, qui en dessina les plans en 1896! La Classe...

Nous y trouvons un camping super, qui, en ce jour d’indépendance, fourmille de familles les coffres débordants de bois et de kilos de viande à griller. On croirait que la ville est en flamme!

Une famille nous offre un grand bol de locro, plat national qui ressemble à un cassoulet, les tripes de porc en plus. Ambiance bon enfant, la musique forte est interdite, cela évite à nos oreilles de subir le rythme monotone insupportable du reggaeton qu’écoutent tous les jeunes ici. (ceux qui connaissent nous comprennent sûrement!)

Nous ne sommes toutefois pas emballés au point de rester plus. Les visites de bodegas, puisque ici c’est la région viticole la plus importante, ne nous intéressent pas. Le vin, c’est quand même un truc bien de chez nous et on a déjà fait des visites de ce genre en France.

Mais Mendoza quant à elle souhaite nous garder un peu plus... nous essayons de retirer de l’argent à différents distributeurs sans succès. Nous entrons dans la banque pour qu’ils essaient de joindre la France afin de connaître la raison pour laquelle nous ne pouvons pas obtenir d’argent. C’est une mission impossible pour les agents de cette HSBC. Au bout de trois heures de démarches en vain, nous faisons une demande de cash advance pour ne pas rester sans un peso. Là encore, c’est la mission, nous restons même après la fermeture de la banque dans l’arrière boutique avec les très aimables employés occupés à faire leur asado en même temps que leur travail. Ils sont tous embêtés pour nous et se mobilisent tous pour joindre le chef d’agence afin d’obtenir l’autorisation de nous fournir le liquide que nous demandons après fermeture des caisses. Après avoir passé 4 heures dans l’agence, nous sortons avec des sous mais sans réponse à notre problème. Arrivés au camping, nous recevons un mail de notre banque  qui se demande ce qu’on fabrique à faire des retraits tous azimuts et qui nous questionne sur le sujet, nous nous apercevons alors que tous les essais infructueux sont comptés comme de vrais retraits. Nous faisons donc opposition et devons attendre lundi pour les appeler et se faire éditer deux nouvelles cartes que nous voudrions réceptionner à San Juan notre prochaine étape.

30 Mai: Après avoir eu la banque en France au téléphone, nous quittons Mendoza et prenons la piste de Villavicencio car c’est une belle alternative à l’autoroute.

Cette piste est très très belle, elle monte assez raide et en colimaçon mais offre une vue magnifique et surtout nous fait sauter au dessus des nuages.

Guanacos et condors font partit de notre quotidien dorénavant. De l’autre côté de la montagne, la piste nous mène à un décor de quebradas colorées et nous tombons nez à nez avec sa majesté  Acongagua, reine des montagnes de la Cordillère des Andes, la plus haute de toute la colonne vertébrale du continent, 6952 mètres d’altitude.

Nous savons qu’il y a deux observatoires dans le parc National El Leoncito, sur notre route. Faire une visite nocturne et voir des planètes et galaxies dans un télescope nous fait bien envie. Mais avant cela, nous passons sur une lagune asséchée et nacrée longue de 14 km appelée Barreal Blanco, ce qui me donne l’occasion de m’entraîner à la conduite du pinz! (essai concluant mais il ne faut pas que je le dise sinon le Thille va me mettre au turbin!)

Nous nous engageons dans le parc El Leoncito et nous nous rendons directement au premier observatoire du parc. A l’accueil on nous dit qu’on peut revenir à 20 H pour faire la visite nocturne moyennant 30 pesos par personne. On est contents comme tout!

On va faire une petite visite aux guadaparques qui sont d’un accueil des plus aimables, ils nous proposent d’utiliser leur douche chaude et le camping est gratuit. Que demander de mieux!

Nous faisons quelques promenades dans les petits canyons alentours pour faire connaissance avec le terrain.

Les journées sont chaudes ici, mais les nuits froides, l’amplitude thermique est très importante et le ciel est dégagé plus de 300 jours par an, raison pour laquelle ces observatoires se sont installés là, où de plus la pollution lumineuse est inexistante.

Nous cherchons toujours après ce fameux puma, nous voyons souvent ses empreintes de gros chat, mais il est discret, sûrement plus que nous, il doit nous entendre arriver bien longtemps avant que nous puissions l’apercevoir.

Par contre, ce coquin de Cuis est bien moins sauvage, et si on reste trop longtemps à un endroit, il se régale des fils électriques des véhicules et crée des courts circuits.

Quand on vous dit que ça gèle la nuit! Mais la nature nous offre tant de poésie!

Il est l’heure d’aller à notre rendez vous avec les étoiles, et là, pas de bol, le gars nous annonce qu’il n’est plus possible de faire la visite car ils ont attaqué des travaux sur la plateforme cet après-midi et il ne le savait pas. On est super déçu, alors on trace jusqu’à l’autre observatoire où c’est ce soir la dernière visite possible selon les gardiens du parc. Mais n’ayant pas réservé, nous tombons sur un portail fermé bien sûr.

Tant pis, on se fait une session observation nous même, un festival de voies lactées, un tourbillon de lumières célestes. C’est vrai que c’est beau. Même sans télescope.

31 Mai: Nous passons à Barreal, un tout petit village poussiéreux au creux d’une vallée verdoyante qui doit sa fraicheur aux fontes des neiges des plus hautes montagnes de la Cordillère. Encerclé de montagnes majestueuses à l’Ouest et d’une quebrada colorée riche de formes et de matières différentes à l’Est, nous décidons d’un traîner un peu car nous nous y sentons bien et cassons la croûte dans un restaurant familial au soleil un plus copieux que bon poulet frites maison, ça faisait longtemps.

C’était une bonne idée de se poser là, cela nous permet de faire la connaissance d’un jeune couple de Lyonnais vraiment sympa avec qui nous partagerons le bivouac de ce soir pour échanger un peu sur nos voyages respectifs. Ces jeunes gones, Maud et Sébastien, sont en Amérique du Sud depuis 5 mois avec un 4x4 dicovery et pensent aller jusqu’au Canada en deux ans. Leur site: unptitouradeux.com.

Une bonne soirée en plein désert à se persuader que la bière et le vin réchauffent, mais en fait, ça ne réchauffe pas du tout!!!

Nous nous séparons en espérant se recroiser un des ces jours. Nous décidons d’aller à San Juan pour attendre nos nouvelles cartes bleues. Mais en chemin, un cadre bucolique près de la rivière entre les montagnes nous appelle, il nous dit «venez vous poser là pour la journée, et même passer la nuit, vous serez bien!» On obéit et on passe la journée et la nuit les plus chaudes depuis notre retour en Argentine. Et dormir à poil sur la couette au lieu de s'emmitoufler dans nos pyjamas, ça fait vraiment plaisir.