LES ENFANTS D’ATACAMA

27 Avril 09. Pendant la préparation de notre voyage nous avons fait la connaissance de Nicole Brondy, une femme formidable qui, depuis 8 ans, accompagne une école des hauts plateaux Andins. Elle a donc crée une association qui leur permet de mieux vivre leur isolement en les aidant à subvenir à leurs besoins par eux-même. Nous nous sommes liés d’amitié et sommes donc partis avec des sacs de vêtements et chaussures, ainsi que des crèmes très hydratantes pour visage et mains offertes par ma maman Béatrice ainsi que par une de ses amies, Jacqueline Richard, qui a gentiment acheté plusieurs flacons. L’amplitude thermique entre le jour et la nuit dépassant les 30 degrés additionnée d’un vent sec brûle leur peau. Nous en faisons l’expérience depuis que nous sommes là haut, nos lèvres, mains et narines sont en carton!

Nous devons donc livrer nos colis à San Juan de Quillaques, pour y aller, il faut depuis la Salina Grande partir vers l’Ouest direction Susques.

Ce pueblo est entièrement construit de briques de terre, son mimétisme avec la montagne est flagrant. Il serait sûrement invisible vu du ciel s’il n’y avait à sa périphérie une énorme parabole de réception (téléphone?). Les habitants sont agréables et viennent spontanément nous questionner sur notre camionnette qui les intrigue beaucoup. Nous cherchons Norma, une amie de Nicole, qui tient un petit négoce au village. Ce n’est pas difficile de la trouver, tous le monde se connaît ici. Norma nous explique comment accéder à San Juan. Trouver la piste qui traverse le rio n’est pas fastoche, mais en suivant quelques traces, nous la trouvons, un peu sableuse, très poussiéreuse. Il y a environ une quarantaine de km  pour accéder à San Juan, les conditions pour y aller sont idéales, pas de vent (pas encore!), un ciel sans nuage.

Nous débouchons sur ce village minuscule, caché en contre bas de gros rochers, où il n’y a personne...

Nous faisons un second tour, et là tout le monde est de sortie! Il nous regardent comme s’ils voyaient  des extra terrestres. Nous demandons l’école, qui se trouve là, derrière nous. La directrice Elisa n’est pas là, elle est malade et est restée chez elle, à Jujuy. Nous faisons donc la connaissance d’Elida, professeur d’Arts Plastiques et de Victoria, maîtresse du premier cycle. Elles nous proposent de garer notre Bestiole à l’intérieur de la cour, elles ne nous attendaient pas et notre visite à l’air de leur faire plaisir.

Nous sortons du camion toutes les affaires en commençant par sortir notre table qui se trouve sur le coffre contenant les vêtements. Un des employés de l’école l’emporte en croyant que ça faisait parti du lot, je le rattrape en me marrant! Ils sont content de voir le volume que nous leur apportons, et nous sommes content de voir tout ce volume sortir du camion! On va pouvoir ré-organiser notre espace de vie.

Nous sommes donc invités à rester manger et dormir ici. Pour le moment, c’est l’heure du goûté et nous entrons dans la salle de cantine avec tous les enfants boire une tasse de maté avec un gros bout de pain casero (maison). Tout cela dans un silence religieux, les regards tournés vers nous. Les petits ne nous lâchent pas des yeux tout en prenant leur goûté. Nous sommes aussi impressionnés qu’eux.

Nous faisons la visite des classes, puis de la serre et du poulailler qui ont été construits grâce aux fonds récoltés par Nicole et ses super lotos en France.

Ils disposent maintenant d’oeufs frais et de verdure (épinards, salades). Cela améliore leur repas, et tous les enfants après l’école font un relais avec des bidons qu’ils remplissent au puits dans la cour afin d’arroser leurs plantes. Nous les goûterons le soir même, la cuisinière nous prépare une tourte aux épinards et nous surveillons ça de près, la cuisine est l’endroit le plus chaud car il y a toujours un petit feu dans le poêle à bois, et dehors, ça commence à geler.

Nous soupons avec les maîtresses et la dizaine d’enfants internent à l’école. Certains habitent loin et ne peuvent rentrer tous les soirs à pieds chez eux, ils ne rentrent que le vendredi après-midi, et reviennent le dimanche soir.

28 Avril: Nous nous levons à la première sonnerie de la cloche, les enfants arrivent, nous saluent et nous faisons une visite du camion. C’est le défilé, ils montent les uns après les autres et observe tout avec les yeux grands ouverts. Au deuxième son de cloche, nous allons prendre notre petit déjeuné ensemble, la petite marmaille, toujours silencieuse, continue de nous observer. C’est devenu leur jeu. Puis c’est l’heure de l’école, ils se mettent en rang et chantent l’hymne nationale, une élève est désignée pour lever le drapeau. Mais aujourd’hui, c’est un jour spécial, c’est le jour de la distribution. Les maîtresses ont réparti les affaires en petit tas avec le prénom de chacun au dessus. Tout le monde aura quelque chose, pour eux, ou pour

leur famille. Ils se mettent à nouveau en rang et sont appelés chacun leur tour pour recevoir leur petit colis. Nous avons droit à plein de petits bisous que nous transmettrons en France à tous ceux qui ont participé.

Ils viennent ensuite chercher un tube de crème chacun, ainsi que des stylos neufs qu’un laboratoire homéopathique nous avait donné pour l’occasion plus des crayons de couleurs donnés par nos anciens voisins Toulonnais, Annie et Jean-Louis. Le bruit que font les stylos à clic leurs plaisent, ça clique à tout va, on n’entend plus que ça, c’est amusant.

Mais dans tout ça, ceux qui ont le plus été gâtés c’est nous, les enfants nous ont préparé des surprises, de beaux dessins, des poèmes, des chansons en musique, et nous ont offert des bonnets et chaussettes tricotés en laine de lama, des pains caseros, ainsi qu’un très bon et gros fromage de chèvre frais. Nous sommes très émus de recevoir tous ces cadeaux.

Ils sont intimidés de jouer ou chanter devant nous, mais ils le font très bien et cela nous fait grand plaisir. Avant de partir nous leur demandons de signer les dessins, nous nous souviendrons comme ça de tous les prénoms des chiquitos de San Juan de Quillaques. Nous avons passé deux journées intéressantes et pleine d’émotion ensemble. Merci à Victoria, Elida, la cuisinière Misericordia, et les personnes travaillant dans cette école. Merci à Adelma, Guido, Juan, Elisa, Vedia, Zulema, Jonatan, Victor, Aldo, Vanesa, Samuel, Raul, Luis, Zaïn, Zulma, Orlando, Joel....