5 Avril 2009: Nous prenons la direction des Valles Calchaquies en passant par Las Termas del Rio Hondo, province de Tucuman. C’est une station balnéaire prisée des Argentins qui viennent ici pour y faire une cure thermale car les sources sont à 65°. Nous pensions pouvoir nous y baigner mais toutes les eaux sont canalisées pour les infrastructures hôtelières. Seule une fontaine près des camping est libre d’accès mais il y a beaucoup de monde. Cela ne nous tente pas des masses.
Nous tournons dans la ville pour trouver un spot wifi afin régler les problèmes de mises à jour du site et nous nous arrêtons devant un hôtel luxueux. Le signal est mauvais. Nous partons mais nous nous faisons klaxonner par un couple en porche décapotable qui nous suit sur la route. Ils souhaitent nous inviter à boire un verre dans l’hôtel. L’approche nous paraît étrange mais nous acceptons. Nous nous retrouvons avec une bande sympathique s’exprimant très bien en Anglais, ce qui me permet pour une fois de tenir des conversations un peu plus poussées. Ils sont ingénieurs et font parti de la haute société argentine. Nous passons un agréable moment en leur compagnie au bord de la piscine à 35°!
Facho et sa très jolie femme Maria nous questionnent sur ce que nous avons eu l’occasion de manger depuis que nous sommes ici. Il se trouve que nous avons goûté à tout ce qu’il se fait en asado à part le chivito, (cabri), alors ils décident de nous inviter au resto pour nous faire essayer cette viande.
Nous mangeons donc un pauvre petit cabri dans un petit endroit au bord de la route 9, la célèbre panaméricaine. C’est délicieux comme toujours et comme cette soirée en bonne compagnie. Facho et Maria sont adorables et aiment la franche rigolade, Facho est un genre de Thille, le courant passe super bien. Nous essayons de régler la note mais c’est impossible, alors nous échangeons nos téléphones. Nous nous reverrons peut-être à Salta car ils vont y passer la semaine prochaine.
Difficile de trouver un endroit calme pour dormir, c’est vers 22h que la ville s’anime, les artisans sortent leurs présentoirs et les jeunes se garent dans les parcs et mettent la radio à fond. Nous tentons une approche près du bassin d’eau chaude, mais du monde arrive et le calme disparaît aussitôt. Nous longeons le bras de rivière aménagé, et trouvons refuge sur une aire de repos. Seuls les cris des flamands roses et des crapauds nous atteignent, et nous en sommes très heureux.
6 Avril 2009: Le petit matin sur la rivière est agréable pour un petit déjeuné en plein air et partons pour les Valles Calchaquies rapidement, nous sommes impatients de découvrir cette vallée dans les montagnes.
Le décor a changé depuis Atamisqui, les cactus sont devenus des peupliers
et les jardins sont de plus en plus jolis. On y trouve papayers et bananiers, ce qui est surprenant car peu de kilomètres séparent les pistes poussiéreuses des champs de canne à sucre. La montagne se distingue à l’horizon coiffée de nuages, ça tranche et le paysage se tropicalise. Nous nous faisons arrêter par la police, la routine quoi, car c’est systématique. Le policier qui contrôle nos papiers est sceptique quant à la carte grise qui ne lui convient pas. Il veut un papier de contrôle technique d’ici. Heureusement son supérieur lui explique que les véhicule étrangers en sont dispensés de surcroît un véhicule de collection. On se déride un peu, faisons visiter le camion, et ceux-ci nous dissuadent d’entrer dans la ville de Tucuman en ce moment de semaine Sainte. Trop de voleurs, de faux auto-stoppeurs et de faux policiers! Bon, on trace dans la montagne sans passer en ville car cela ne nous branchait pas trop de faire de la grande ville de toutes façons.
La route est magnifique, nous prenons petit à petit de l’altitude et la forêt se fait dense, les broméliacées et autres épiphytes recouvrent les troncs d’arbres, il y a des tas de petites sources sur le bord de la route et nous découvrons le torrent Las Sosas sur notre gauche. C’est magnifique, il fait beau, ne reste plus qu’à trouver un petit coin tranquille pour passer la nuit.
Un minuscule chemin à peine visible mène au torrent, l’endroit est parfais pour un bivouac en amoureux. Nous sommes seuls ce soir pour la première fois depuis notre arrivée. Le torrent est clair et nous en profitons pour faire une petite lessive. Je vous rassure, nous avons prévu des produits écologiques et biodégradables que ce soit pour la lessive, la douche, la vaisselle ou les dents...Une petite baignade rafraîchissante, nous sommes au paradis des robinsons.
La nature est magnifique, il y a des papillons, des fleurs, de l’eau, des grillons, des fougères, les plantes dans le petit chemin sentent l’encens, et personne à l’horizon.
7 Avril 2009: Direction Tafi del Valle, un village dans la vallée à 1800 m d’altitude. La route serpente nous croisons quelques échoppes d’artisanat, tissages et poteries de grande beauté, quelques animaux sur le bord de la route, petits cochons et vaches. On fait du très bon fromage dans la vallée à ce qu’il paraît. Subitement, la montagne devient pelée et ressemble fort à nos Pyrénées, au revoir la forêt impénétrable!
Ils sont pour toi ceux là Sarah, mais on ne peut pas te les ramener! jamais vu d’aussi petits cochons, comme des chatons! Nous arrivons à Tafi del Valle, pueblo sans grand intérêt en fin de compte. Le paysage compte beaucoup plus. Les magasins d’artisanat nous présentent pas mal de babioles qui nous semblent plus made in china que made in Tafi, sauf à part quelques tissages et ponchos.
Nous craquons quand même pour un bon fromage de vache et de la confiture de fraise car elle est cultivée ici, ainsi que des framboises. La vallée est encadrée de hautes montagnes, les sommets des Cumbres Calchaquies, du Mala-Mala et du Tafi dépassent les 3500m, mais le plus haut sommet est celui du Cerro Negrtio au Nord, silhouette massive de 4500m. Nous passons une journée à visiter Tafi, où se trouve une jolie mission Jésuite datant de 1718, puis nous traînons un peu au village car nous avons le temps, le bivouac de ce soir est tout trouvé, on se place au bord du lac avec les chevaux pour voisins, petite soirée crêpes.
8 Avril 2009: Nous partons de Tafi pour rejoindre la route des valles Calchaquies. C’est une route de montagne, sinueuse et en bon état, nous grimpons à 3050m d’altitude, la température baisse jusqu’à 12°, ça fait tout drôle mais ça ne dure pas. Nous descendons et un merveilleux spectacle de paysage s’offre à nous. En effet, nous nous trouvons en plein dans le parc national des cactus géants, ou cardones plus exactement. C’est incroyable de se trouver d’un virage à l’autre nez à nez avec ces plantes immenses. Nous ne nous attendions pas à ça et la surprise est belle, là, enfin, nous sommes vraiment dépaysés, notre parcours nature nous comble depuis deux jours.
Nous aimerions connaître l’âge de ces géants, mais aucun panneau explicatif ne nous renseigne à ce sujet. Nous poserons la question dès que nous pourrons. La route nous mène aux ruines de Quilmes, dans la vallée voisine nommée Yokavil. Ces ruines restaurées sont celles d’une cité indigène des Indiens Quilmes contemporaine aux conquêtes inca. Leurs maisons sont circulaires et presque entièrement enfouies sous terre pour résister aux vents. Nous pouvons nous promener librement sur le site, et nous sommes pratiquement seuls. Nous aimerions en savoir plus sur la culture Quilmes, seul notre guide de voyage peut nous renseigner car il n’y a pas de fascicule pour nous orienter un peu. C’est dommage. Nous savons juste que les Quilmes ont résisté à deux invasions, celle des Incas en 1480 puis celle des conquistadores en 1535. Ils ont finalement été vaincus en 1664 et furent exilés dans les environs de Buenos-Aires. Le voyage les a pratiquement tous anéantis, et seuls 300 d’entre eux survécurent. Ils décidèrent de ne plus faire d’enfants s’ils devaient être esclaves comme eux.
Ce site archéologique est magnifique dans ce décor de cardons géants et il est difficile d’imaginer que ce que nous pouvons visiter ne représente que 15% su site. Au moins 15000 Quilmes vivaient dans cette cité. Un lama a survécu, et Thille tente une première approche, peu concluante, Mr lama est un peu froid!
Les Indiens de la communauté Quilmes, une des tribu de la nation Diaguita, nous donnent un bulletin à travers lequel ils réclament la restitution de ce site qu’ils appellent la cité sainte. Ils ont décidé de prendre possession des lieux en Janvier 2008. Ils permettent les visiteurs d’entrer mais les empêchent de visiter le musée ainsi que de séjourner dans l’hôtel se trouvant à l’entrée car ils les ont fait fermer.
Nous tentons une virée à Santa Maria, mais la route que nous prenons se transforme rapidement en piste, puis en chemin difficilement praticable, puis débouche sur un rio très large et sableux. La route disparaît complètement et nous voyons le village de l’autre côté. C’est le moment de mettre un peu notre bestiole à l’épreuve, car le sable meuble, c’est pas son truc. Nous sommes obligés de passer en 6x6 car nous nous embourbons. Thille s’en sort très bien, nous traversons la rivière tout doucement. Cette route est très pittoresque, les maisons sont en pisés, les piments rouges sèchent au sol et les paysans vendent leurs épis de maïs sur le chemin. C’est un maïs endémique rosé ou blanc appelé capia. Nous arrivons en ville à l’heure de la sieste ce qui veut dire qu’il n’y a pas un chat. Nous partons en direction de Cafayate, en nous arrêtant en chemin dans le désert pour passer la nuit. Nous sommes seuls parmi les arbustes épineux et cactus inhospitaliers, mais cela nous convient très bien. La nuit est surnaturelle. Pas un bruit, pas un grillon, pas un oiseau, pas une grenouille, ni coq ni chien, ça me réveille en pleine nuit ce silence sourd. C’est bizarre, on a l’impression de flotter dans un trou noir.
9 Avril 2009: Nous quittons cette magnifique vallée pour aller à Cafayate, une région riche et productrice de très bons vins.