En route pour Ceres

Nous roulons en direction de Santa-fé, nous subissons un nouveau contrôle de police. Ils ne trouvent rien à dire. Tout le monde ici nous met en garde contre la police corrompue dans cette région qui demande de l’argent. Pour l’instant, rien à signaler.
Nous décidons de prendre un pont traversant les fleuves et à la sortie de celui-ci, contrôle de la gendarmerie. Décidément, on se fait arrêter à chaque fois. Ils sont plutôt curieux de visiter l’engin.
Nous arrivons dans un village, Victoria, pour passer la nuit dans le camping municipal. Nous sommes Dimanche et les gens remballent pour retourner à Rosario. C’est à nouveau un défilé sympa de personnes intéressées par notre voyage et notre véhicule. Mais le camping est très sale, les pêcheurs laissent traîner leurs poissons pourris au soleil, les bouteilles de soda recouvrent le pied de chaque arbre. Ne parlons pas des sanitaires, ni du bruit. Des hordes de chiens n’ont fait qu’aboyer. Nous sommes envahis par les moustiques. Nous fuyions au lever du jour.
Nous arrivons à Santa-fé en croyant être presque arrivés chez Luis. Nous lui téléphonons et il nous dit qu’il faut aller jusqu’à Raphaela, et de là, il nous expliquera. Raphaela est à 90 km de Santa fé, nous sommes presque à la tombée de la nuit et appelons de nouveau Luis pour des explications. Celui-ci nous dit qu’il faut faire encore 160 km pour arriver dans son village. Ouille ouille ouille, la notion des distances n’est pas les même ici que chez nous. Pour les gens d’ici, habiter près d’une ville, c’est être à 400 km de celle-ci, le pays étant si grand! C’est comme si Toulon était à côté de Lyon! Notre vitesse de croisière ne nous permet pas de continuer la route, la conduite est crevante, il nous faut trouver un coin pour dormir.
On bifurque donc sur une piste, et nous nous installons sur l’herbe au bord d’un champ à un croisement. Une voiture s’arrête et un homme nous dit qu’il habite une ferme à côté, qu’on peut entrer et s’installer où on veut dans son jardin, c’est plus sûr.
Nous acceptons et faisons brièvement connaissance car la nuit tombe.

Le 24/03/09: Nous nous levons avec le chant des coqs, et faisons connaissance avec José Luis, Graciela et Irene avec qui nous prenons notre petit déjeuné au maté et au gâteau fait maison. Il y a beaucoup d’animaux ici, des volailles, des lapins, des cochons, des moutons, des biquettes, des vaches et des chiens! Leur accueil est chaleureux et nous proposent de rester pour le repas de midi, ils nous feraient un asado, on serait restés mais nous avons promis à Luis d’être chez lui pour midi environ.

Nous nous quittons et reprenons la route de Ceres.

3 heures plus tard, nous voilà dans un pueblo tranquille et interrogeons les policiers à l’angle d’une rue, ni une ni deux, l’un d’eux nous propose de monter avec nous dans le camion pour nous y conduire.

Et nous voilà enfin dans la famille de Luis. Nous sommes heureux de nous retrouver et l’ambiance est à son comble, nous faisons la connaissance de tout le monde, les frères et soeurs étant voisins, leur maman vie avec eux, les cousins et cousines sont élevés ensemble, les frères et soeurs s’entendent bien ainsi que les belles soeurs et beau frères. C’est une ambiance à l’Italienne comme on l’aime!

Nous sommes tout de suite adoptés et chacun y met du sien pour que nous comprenions les conversations, Luis traduit lorsque c’est nécessaire (presque toujours!) et prépare le repas en même temps. Plat du jour, poulet aux pommes de terres et poivrons au feu de bois. Les boissons sont bien fraîches, on apprécie la compagnie de cette famille. Le repas est délicieux, ça donne envie de ne cuisiner que de cette façon à présent!

Thille propose à Luis de lui faire une coupe de cheveux après le repas, puis le reste de la famille a suivi, les nièces de Luis, Géraldina, Eliana, son neveux, Diego qui est sur la photo, Hugo, l’amoureux de Géraldina, puis Ana sa soeur, et il a fait l’unanimité, alors il y a des réservations pour demain!

Les petites voisines aussi se feront couper les cheveux par le coiffeur français!

Dalma, elle, se coupe les cheveux toute seule...

Lorsque le soleil tourne, nous changeons de côté dans le jardin, et on aide Luis à mettre son herbe à maté maison dans des bocaux pour qu’il puisse partir avec sur la Libertad.

Un Argentin qui se respecte ne sort jamais sans son maté!

Geraldina et son chéri Hugo. Ils nous ont proposé de s’installer chez eux le temps que nous souhaitions, nous sommes gênés car ils nous ont laissé leur chambre sans nous laisser le choix! Nous sommes touché par la confiance qu’ils nous témoignent alors qu’ils ne nous connaissent pas encore vraiment!

Luis cueille ses plantes lui même et prépare son maté à son goût. Il connaît bien les plantes et leurs vertus médicinale, dommage qu’il parte ce soir, nous aurions aimé en apprendre plus. Son mélange est très bon, il nous en offre pour partir avec dans le camion, puisque Diego nous a offert une jolie calebasse et une bombilla bien patinée par le temps. Un cadeau qui nous touche beaucoup, et dès lors, nous sommes devenu des adeptes du maté. Nous aussi on se balade avec notre thermos d’eau chaude, ben quoi!

Même le Thillou, oui oui, il adore ça!

La Buscapina, c’est bon pour le foie                         et le Poleo pour l’estomac, si je ne me trompe pas.

Nous sommes invités à monter cette jument qui vient d’avoir un poulain, il y a deux semaines à peine, par José maria et Rita sa future femme, neveux de Luis et voisin également. Ils sont charmants et nous leur souhaitons plein de bonheur car ils se marient début Avril.

Nico, Dalma et Nahuel, les chiquitos, nous accompagnent. Nous visitons le jardin et un voisin nous offre 12 oeufs frais de ses poules ainsi que des poivrons, une courge butternut et une grosse courgette ronde que nous ne connaissons pas en France. Encore une marque de sympathie des habitants de Ceres. Nous passons la soirée entre jeunes avec les frères et soeurs et leurs compagnons, dont Ruly, policier dans la province voisine de celle de Santa fé, Santiago del Estero. Ce jeune policier courageux fait parfois 400 km en stop pour se rendre sur son lieu de ronde!!!

Encore une journée bien remplie, nous accompagnons Luis à la gare et tout le monde a le coeur serré de le voir repartir sur sa frégate, surtout sa maman. La nuit est bonne dans la maison de Géraldine et Hugo, je rêve même en espagnol tellement je fais d’effort pendant la journée! Notre cerveau ne peut pas se reposer complètement ici, c’est l’école de langue étrangère appliquée de 9h du mat à minuit! Thille, lui, rêve qu’il le parle couramment, par contre, le matin il ne se rappelle plus comment faire, dommage!!!

25/03/09: Aujourd’hui, Walter et Ana, frère et soeur de Luis, nous préparent des pâtes fraîches, et c’est bon comme chez pépé, la sauce de mémé en moins, mais c’est excellent, c’est notre plat préféré finalement, on se réjouit toujours d’en manger car c’est un plat réconfortant.

Les chiens sont très aimés ici, ils ont une belle vie, font plein de bébés qui trouvent toujours acquéreurs, et pourtant, les Argentins utilisent la même expression que nous pour dire que la vie est dure: una vida de perro! Ces petits sacs à puces nous suivent de partout, et depuis que nous sommes en Argentine, nous avons remarqué une chose, nous sommes toujours accueillis en premier lorsqu’on arrive quelque part par un, deux, quatre, sept chiens qui nous font la fête!

Dans l’après-midi, Walter, sa femme Nelly et une de leur fille, la changuita Dalma nous font visiter à bicyclette le village. C’est agréable car il n’y a pas de circulation, les rues sont larges, en terre, les embouteillages, à Ceres, on connait pas!

Les enfants peuvent circuler à vélo sans danger. C’est vraiment tranquille.

Walter demande aux petits voisins, une famille de 8 garçons, de nous faire monter un de leur chevaux, tout le monde y passe, c’est une bonne partie de rigolade car personne ne sait vraiment monter sauf Walter.

Géraldine et Norma, autre soeur de Luis, s’en sortent bien, c’est la fête dans la rue! Le père Thille aussi, il s’y croit, on l’appelle Clint depuis. Pour ma part, le canasson va où il veut, pas où je veux!

à 18h, l’équipe de télé locale vient nous interviewer, on nous avait prévenu hier, mais j’étais angoissée à l’idée de parler espagnol devant une caméra et un micro, alors ils ont fait venir un homme charmant, Roberto, amoureux de la France qui se débrouille très bien dans notre langue. Il a fait le traducteur. C’était marrant, et depuis, tout le monde nous connaît dans le coin! Ah oui, vous êtes les deux français, on vous a vu à la télé!!! Et oui, un petit reportage de 10 min sur nous et notre casita rodante.

Ophelia, son cadreur, et Roberto, merci pour votre gentillesse et votre patience. Petite photo de groupe, mais tout le monde n’y est pas, les filles travaillent.

26/03/09: Aujourd’hui, Walter et Diego nous proposent une virée en camion dans la proche région, nous nous rendons dans une ferme à oiseaux, toutes sortes de volailles et autres oiseaux dont des paons sont à vendre pour les manger, le propriétaire m’offre un gros paquet de plumes de paons quand il me voit ramasser tout ce qui traîne! Ce monsieur collectionne les pigeons de race, les toucans, les perroquets, et même des herissons albinos, on en avait jamais vu. Mais ce qui nous a le plus intéressé, c’est le aguara guazu, le chien sauvage comme ils l’appellent aussi qui se trouve dans un grand enclos. C’est la première fois que nous voyons cet animal haut sur pattes aux oreilles de renard. Il est malheureusement en voie de disparition et c’est très rare de le voire en liberté. C’est très beau. C’est triste de le voir ici, et surtout de savoir qu’il y en a peu.

Nous partons ensuite visiter une laiterie, puis l’hôtel de campagne d’un ami de la famille. C’est un endroit magnifique et paisible, tout est en bois, les chambres sont nickel, il y a de quoi préparer des asados. Cela nous a charmé alors nous en profitons pour vous donner l’adresse de cet endroit si vous passez par là, dans la page infos utiles.

Hugo nous rejoint et nous fait visiter l’usine dans laquelle il travaille, là où ils sèchent le grain avant de le charger, soit sur des trains, soit sur des camions. Cela nous a beaucoup intéressé. Soja, maïs et autres céréales sont traitées ici.

Nous poursuivons notre visite au commissariat où travaille Ruly à Selva, puis finissons par piquer quelques épis de maïs dans un champ pour le repas de demain, mais faut pas le dire!

Après une bonne journée comme ça, rien de tel qu’une bonne pièce de viande avec des patates au four à bois, chez Neli et Walter.

Les filles sont contentes comme tout de nous avoir à dîner, voici Florencia, dit Chuchu et Milagros. Dalma est au lit, nous mangeons à 11h du soir ici. Le rythme de vie ici est très différent du nôtre, on déjeune et dîne très tard, avec une sieste entre les deux, et nous comprenons qu’ils se privent de leur sieste habituelle pour s’occuper de nous. Nous ferons la sieste demain, comme ça ils pourront se reposer un peu. Ils nous offre tout leur temps libre et leur amitié nous rend vraiment heureux. Nous devions partir demain, mais nous repoussons un peu le départ car toute la famille est libre samedi, et ce sera la fête dans le jardin, ils prévoient...devinez...un asado!!!

27/03/09: Aujourd’hui nous sommes à nouveau tous réunis chez Ana, c’est un peu le QG chez elle, son jardin est assez grand pour recevoir tout le monde. Walter et Diego préparent le poisson au feu de bois, et c’est encore un repas délicieux et gargantuesque, vous allez finir par vous dire qu’on ne fait que manger!!! c’est un peu vrai, les repas durent longtemps.

Tous les chiquitos sont dans la camionnette et m’observent en train de faire un DVD pour la famille. Ils nous suivent de partout comme des poussins, dès qu’ils entendent le bruit de la porte de notre casita, ils sont tous là à se faufiler à l’intérieur. D’ailleurs Dalma a préparé sa valise et à annoncé à ses parents qu’elle partait avec nous. Du coup, Nahuel aussi!

L’après midi est consacré à la visite de la caserne des pompiers volontaires de Ceres. Ils nous font voir tout leur équipement, nous ouvrent les véhicules, et nous buvons le maté ensemble. Un maté particulier, aux papillons séchés!!! Il y avait une surprise dans l’herbe! Spécialité de Bomberos, le maté de mariposa! hummmm!!!!

Cela nous fait plaisir de cuisiner pour eux, depuis que nous sommes là, pas moyen de faire le service ou la vaisselle, sauf en cachette, tout le monde s’occupe de nous et tout est délicieux, l’ambiance est toujours à la fête. Nous étions un petit peu inquiets au départ de Luis par rapport à la langue, mais elle n’a pas été du

Ce soir, la famille aimerait bien qu’on leur prépare un repas, ils aimeraient bien connaître les pâtes à la carbonara, ce n’est pas très français, mais on aime bien les faire, alors on part faire les courses avec Walter et Diego. Nous ne trouvons pas les ingrédients exacts mais on fera avec ce qu’il y a ici.

La crème est vendue au détail, elle est bonne comme dans les souvenirs d’enfance de Thille.

tout un frein à créer une forte amitié, à rire tout le temps, ou même à faire des blagues.  Nous faisons grâce à eux des progrès incroyables en espagnol.

Samedi 28/03/09: le grand jour de l’asado, toute la famille est là aujourd’hui. Walter et Diego nous demandent de les conduire avec le camion chercher un chivo, un chevreau. Nous arrivons en pleine campagne dans une ferme. En voyant le troupeau de biquettes et tout en regardant Walter, je comprends qu’il est en train de choisir la blanquita pour la zigouiller sur place. Je ne savais pas qu’on allait le chercher vivant, dans ma tête, on l’achetait dans un frigo. J’ai fondu en larmes et Thille est allé voir Walter pour lui expliquer qu’en France nous ne sommes pas habitué à tuer les animaux nous même avant de les manger. Quand Ils ont vu ma tronche, ils ont comprit et nous nous sommes excusés auprès de la fermière. Ils ne m’ont pas jugés et nous sommes donc partis aussitôt à la boucherie. Là au moins, les bêtes sont déjà froides. Le résultat est peut être le même, mais pas pour moi. J’en connais d’autres qui auraient réagi de la même façon, pas vrai? 

Rien à voir avec les barbecues à la mode de chez nous. Le feu de bois ne cuit pas la viande directement, on la place à côté et le temps fait le reste. Un carton posé dessus la rend plus moelleuse. Déjà que la viande est de bonne qualité, cuite comme ça c’est un vrai délice. On ne vous parle pas des saucisses qui sont au niveau du goût loin devant nos chipolatas ridicules. Les patates douces quant à elles sont cuites dans une grande sauteuse sur le feu, et la courge directement dedans. Je n’en rajoute pas car ça va vous donner trop faim. Rien que de l’écrire ça me gargouille.

Nous ne sommes pas au bout de nos surprises, en notre honneur, ils ont convié trois jeunes musiciens qui sont venus passer l’après-midi avec nous pour nous faire connaître la musique typique de la province de Santiago del Estero. Nacho, Walter et Rodriguo jouent de la guitare, Rodriguo joue en plus de la flûte Kena qu’il est parti chercher exprès pour moi car on lui a dit que j’adorais ça.

La fête a duré jusqu’au soir, Thille a encore fait une coupe de cheveux, (20 en tout cette semaine!) et en échange Rodrigo lui a offert un magnifique bracelet tissé par son frère. Nous recevons de nombreux cadeaux de la part de tous, y comprit les enfants qui nous offrent des petits bijoux, des dessins, des fleurs, des tee-shirts...nous offrons nous aussi ce que nous pouvons, mais c’est tellement peu par rapport à tout ce que cette famille fait pour nous.

Diego souhaite écouter de la musique de chez nous, les DJ français leurs plaisent bien et tout le monde danse, les gamins, et la grand-mère aussi! Nous allons nous coucher vers 2h du mat, Diego et Bargo son ami très gentil lui aussi sont restés à écouter nos CD jusqu’à 5h.

29/03/09: Tout le monde ce matin n’est pas au top de la forme vous comprendrez pourquoi! Journée paisible, au menu asado de poulets, encore une fois trop bon, puis nous partons en quête d’un téléphone pour appeler la famille. Géraldine et Norma se mettent en 4 pour nous trouver un locutorio ouvert. J’arrive à avoir mon père seulement, ça fait plaisir de raconter tout ça de vive voix et de savoir que tout le monde va bien chez nous, il est un peu tard en France pour appeler.

Ce soir nous cuisinons tous les deux, pizzas maison. Tout le monde se régale, mais c’est notre dernière soirée ensemble, nous avons tous le coeur serré. On se couche tous tard pour profiter les uns des autres le plus possible.

30/03/09: Aujourd’hui lundi, nous nous levons tôt pour dire au revoir à chacun avant qu’ils ne partent travailler. Le petit déjeuner est agréable dehors tous ensemble, mais ce n’est plus la fête, les embrassades vont bon train, les larmes aussi. Nous sommes tous émus, la grand-mère pleure et ça nous déchire le coeur. Tout le monde a les larmes aux yeux, les enfants ont du chagrin. C’est fou comme nous avons été gâté par cette famille plus que modeste, ils nous ont considéré comme faisant parti des leurs, ils nous ont tout donné avec le coeur, et en une semaine, nous avons tissé des liens pour toujours. Nous allons revenir à Ceres, c’est promis, lorsque nous prendrons la route pour le Sud l’année prochaine. Ils nous ont fait prendre une puce pour le téléphone afin de rester en contact et depuis les textos fusent. Que des mots d’amour. Nous n’avons pas eu de problèmes à cause de la barrière de la langue cette semaine, par contre ce matin, nous nous sentons frustrés de ne pouvoir exprimer tous nos sentiments envers eux, les choses abstraites sont difficiles à formuler, mais vu notre tête,  ils ont bien comprit qu’ils allaient nous manquer énormément.

LOS EXTRANAMOS MUCHOS AMIGOS, los queremos mucho de corazon. GRACIAS por todo, besos.

Nous espérons que vous avez aimé Ceres et ses habitants autant que nous, deux semaines seulement que nous sommes en Argentine et nous avons déjà une famille ici. ça a été un honneur pour nous de vous connaître et de partager un bout de votre vie. Muchisima gracias por vuestra hospitalidad y vuestra amistad. Nosotros pasémos una semana sensacionale con ustedes.